Anunţ publicitar al Statului Român in ziarele mari ale lumii:

Cine a putut, ştiut şi vrut a plecat.

Avem nevoie de ajutor!
Plătim la nivelul pieţei.
Preferăm vorbitori de Româna!

______________________________


poante § intelart § cafeneaua
© 2005
cel mai vechi blog peromaneste

17.9.19

Dernier entretien en terre d'Occident -- Alexandre ZINOVIEV




Alexandre ZINOVIEV

Philosophe, logicien, sociologue, et écrivain dissident soviétique.
Entretien réalisé par Victor Loupan à Munich, en juin 1999, quelques jours avant le retour définitif d’Alexandre Zinoviev en Russie ; extrait de "La grande rupture", aux éditions l’Âge d’Homme.
Victor Loupan : Avec quels sentiments rentrez-vous après un exil aussi long ?
Alexandre Zinoviev : Avec celui d’avoir quitté une puissance respectée, forte, crainte même, et de retrouver un pays vaincu, en ruines. Contrairement à d’autres, je n’aurais jamais quitté l’URSS, si on m’avait laissé le choix. L’émigration a été une vraie punition pour moi.
V. L. : On vous a pourtant reçu à bras ouverts !
A. Z. : C’est vrai. Mais malgré l’accueil triomphal et le succès mondial de mes livres, je me suis toujours senti étranger ici.
V. L. : Depuis la chute du communisme, c’est le système occidental qui est devenu votre principal objet d’étude et de critique. Pourquoi ?
A. Z. : Parce que ce que j’avais dit est arrivé : la chute du communisme s’est transformée en chute de la Russie. La Russie et le communisme étaient devenus une seule et même chose.
V. L. : La lutte contre le communisme aurait donc masqué une volonté d’élimination de la Russie ?
A. Z. : Absolument. La catastrophe russe a été voulue et programmée ici, en Occident. Je le dis, car j’ai été, à une certaine époque, un initié. J’ai lu des documents, participé à des études qui, sous prétexte de combattre une idéologie, préparaient la mort de la Russie. Et cela m’est devenu insupportable au point où je ne peux plus vivre dans le camp de ceux qui détruisent mon pays et mon peuple. L’Occident n’est pas une chose étrangère pour moi, mais c’est une puissance ennemie.
V. L. : Seriez-vous devenu un patriote ?
A. Z. : Le patriotisme, ce n’est pas mon problème. J’ai reçu une éducation internationaliste et je lui reste fidèle. Je ne peux d’ailleurs pas dire si j’aime ou non la Russie et les Russes. Mais j’appartiens à ce peuple et à ce pays. J’en fais partie. Les malheurs actuels de mon peuple sont tels, que je ne peux continuer à les contempler de loin. La brutalité de la mondialisation met en évidence des choses inacceptables.
V. L. : Les dissidents soviétiques parlaient pourtant comme si leur patrie était la démocratie et leur peuple les droits de l’homme. Maintenant que cette manière de voir est dominante en Occident, vous semblez la combattre. N’est-ce pas contradictoire ?
A. Z. : Pendant la guerre froide, la démocratie était une arme dirigée contre le totalitarisme communiste, mais elle avait l’avantage d’exister. On voit d’ailleurs aujourd’hui que l’époque de la guerre froide a été un point culminant de l’histoire de l’Occident. Un bien être sans pareil, de vraies libertés, un extraordinaire progrès social, d’énormes découvertes scientifiques et techniques, tout y était ! Mais, l’Occident se modifiait aussi presqu’imperceptiblement. L’intégration timide des pays développés, commencée alors, constituait en fait les prémices de la mondialisation de l’économie et de la globalisation du pouvoir auxquels nous assistons aujourd’hui. Une intégration peut être généreuse et positive si elle répond, par exemple, au désir légitime des nations-soeurs de s’unir. Mais celle-ci a, dès le départ, été pensée en termes de structures verticales, dominées par un pouvoir supranational. Sans le succès de la contre-révolution russe, il n’aurait pu se lancer dans la mondialisation.
V. L. : Le rôle de Gorbatchev n’a donc pas été positif ?
A. Z. : Je ne pense pas en ces termes-là. Contrairement à l’idée communément admise, le communisme soviétique ne s’est pas effondré pour des raisons internes. Sa chute est la plus grande victoire de l’histoire de l’Occident ! Victoire colossale qui, je le répète, permet l’instauration d’un pouvoir planétaire. Mais la fin du communisme a aussi marqué la fin de la démocratie. Notre époque n’est pas que post-communiste, elle est aussi post-démocratique. Nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique ou, si vous préférez, de la démocratie totalitaire.
V. L. : N’est-ce pas un peu absurde ?
A. Z. : Pas du tout. La démocratie sous-entend le pluralisme. Et le pluralisme suppose l’opposition d’au moins deux forces plus ou moins égale ; forces qui se combattent et s’influencent en même temps. Il y avait, à l’époque de la guerre froide, une démocratie mondiale, un pluralisme global au sein duquel coexistaient le système capitaliste, le système communiste et même une structure plus vague mais néanmoins vivante, les non-alignés. Le totalitarisme soviétique était sensible aux critiques venant de l’Occident. L’Occident subissait lui aussi l’influence de l’URSS, par l’intermédiaire notamment de ses propres partis communistes. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde dominé par une force unique, par une idéologie unique, par un parti unique mondialiste. La constitution de ce dernier a débuté, elle aussi, à l’époque de la guerre froide, quand des superstructures transnationales ont progressivement commencé à se constituer sous les formes les plus diverses : sociétés commerciales, bancaires, politiques, médiatiques. Malgré leurs différents secteurs d’activités, ces forces étaient unies par leur nature supranationale. Avec la chute du communisme, elles se sont retrouvées aux commandes du monde. Les pays occidentaux sont donc dominateurs, mais aussi dominés, puisqu’ils perdent progressivement leur souveraineté au profit de ce que j’appelle la "suprasociété". Suprasociété planétaire, constituée d’entreprises commerciales et d’organismes non-commerciaux, dont les zones d’influence dépassent les nations. Les pays occidentaux sont soumis, comme les autres, au contrôle de ces structures supranationales. Or, la souveraineté des nations était, elle aussi, une partie constituante du pluralisme et donc de la démocratie, à l’échelle de la planète. Le pouvoir dominant actuel écrase les états souverains. L’intégration de l’Europe qui se déroule sous nos yeux, provoque elle aussi la disparition du pluralisme au sein de ce nouveau conglomérat, au profit d’un pouvoir supranational.
V. L. : Mais ne pensez-vous pas que la France ou l’Allemagne continuent à être des pays démocratiques ?
A. Z. : Les pays occidentaux ont connu une vraie démocratie à l’époque de la guerre froide. Les partis politiques avaient de vraies divergences idéologiques et des programmes politiques différents. Les organes de presse avaient des différences marquées, eux aussi. Tout cela influençait la vie des gens, contribuait à leur bien-être. C’est bien fini. Parce que le capitalisme démocratique et prospère, celui des lois sociales et des garanties d’emploi devait beaucoup à l’épouvantail communiste. L’attaque massive contre les droits sociaux à l’Ouest a commencé avec la chute du communisme à l’Est. Aujourd’hui, les socialistes au pouvoir dans la plupart des pays d’Europe, mènent une politique de démantèlement social qui détruit tout ce qu’il y avait de socialiste justement dans les pays capitalistes. Il n’existe plus, en Occident, de force politique capable de défendre les humbles. L’existence des partis politiques est purement formelle. Leurs différences s’estompent chaque jour davantage. La guerre des Balkans était tout sauf démocratique. Elle a pourtant été menée par des socialistes, historiquement opposés à ce genre d’aventures. Les écologistes, eux aussi au pouvoir dans plusieurs pays, ont applaudi au désastre écologique provoqué par les bombardements de l’OTAN. Ils ont même osé affirmer que les bombes à uranium appauvri n’étaient pas dangereuses alors que les soldats qui les chargent portent des combinaisons spéciales. La démocratie tend donc aussi à disparaître de l’organisation sociale occidentale. Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Le totalitarisme financier est froid. Il ne connaît ni la pitié ni les sentiments. Les dictatures politiques sont pitoyables en comparaison avec la dictature financière. Une certaine résistance était possible au sein des dictatures les plus dures. Aucune révolte n’est possible contre la banque.
V. L. : Et la révolution ?
A. Z. : Le totalitarisme démocratique et la dictature financière excluent la révolution sociale.
V. L. : Pourquoi ?
A. Z. : Parce qu’ils combinent la brutalité militaire toute puissante et l’étranglement financier planétaire. Toutes les révolutions ont bénéficié de soutien venu de l’étranger. C’est désormais impossible, par absence de pays souverains. De plus, la classe ouvrière a été remplacée au bas de l’échelle sociale, par la classe des chômeurs. Or que veulent les chômeurs ? Un emploi. Ils sont donc, contrairement à la classe ouvrière du passé, dans une situation de faiblesse.
V. L. : Les systèmes totalitaires avaient tous une idéologie. Quelle est celle de cette nouvelle société que vous appelez post-démocratique ?
A. Z. : Les théoriciens et les politiciens occidentaux les plus influents considèrent que nous sommes entrés dans une époque post-idéologique. Parce qu’ils sous-entendent par "idéologie" le communisme, le fascisme, le nazisme, etc. En réalité, l’idéologie, la supraidéologie du monde occidental, développée au cours des cinquante dernières années, est bien plus forte que le communisme ou le national-socialisme. Le citoyen occidental en est bien plus abruti que ne l’était le soviétique moyen par la propagande communiste. Dans le domaine idéologique, l’idée importe moins que les mécanismes de sa diffusion. Or la puissance des médias occidentaux est, par exemple, incomparablement plus grande que celle, énorme pourtant, du Vatican au sommet de son pouvoir. Et ce n’est pas tout : le cinéma, la littérature, la philosophie, tous les moyens d’influence et de diffusion de la culture au sens large vont dans le même sens. A la moindre impulsion, ceux qui travaillent dans ces domaines réagissent avec un unanimisme qui laisse penser à des ordres venant d’une source de pouvoir unique. Il suffit que la décision de stigmatiser un Karadzic, un Milosevic ou un autre soit prise pour qu’une machine de propagande planétaire se mette en branle contre ces gens, sans grande importance. Et alors qu’il faudrait juger les politiciens et les généraux de l’OTAN parce qu’ils ont enfreint toutes les lois existantes, l’écrasante majorité des citoyens occidentaux est persuadée que la guerre contre la Serbie était juste et bonne. L’idéologie occidentale combine et fait converger les idées en fonction des besoins. L’une d’entre elles est que les valeurs et le mode de vie occidentaux sont supérieurs à d’autres. Alors que pour la plupart des peuples de la planète ces valeurs sont mortelles. Essayez donc de convaincre les Américains que la Russie en meurt. Vous n’y arriverez jamais. Ils continueront à affirmer que les valeurs occidentales sont universelles, appliquant ainsi l’un des principes fondamentaux du dogmatisme idéologique. Les théoriciens, les médias et les politiciens occidentaux sont absolument persuadés de la supériorité de leur système. C’est cela qui leur permet de l’imposer au monde avec bonne conscience. L’homme occidental, porteur de ces valeurs supérieures est donc un nouveau surhomme. Le terme est tabou, mais cela revient au même. Tout cela mériterait d’être étudié scientifiquement. Mais la recherche scientifique dans certains domaines sociologiques et historiques est devenue difficile. Un scientifique qui voudrait se pencher sur les mécanismes du totalitarisme démocratique aurait à faire face aux plus grandes difficultés. On en ferait d’ailleurs un paria. Par contre, ceux dont le travail sert l’idéologie dominante, croulent sous les dotations et les éditeurs comme les médias se les disputent. Je l’ai observé en tant que chercheur et professeur des universités.
V. L. : Mais cette "supraidéologie" ne propage-t-elle pas aussi la tolérance et le respect ?
A. Z. : Quand vous écoutez les élites occidentales, tout est pur, généreux, respectueux de la personne humaine. Ce faisant, elles appliquent une règle classique de la propagande : masquer la réalité par le discours. Car il suffit d’allumer la télévision, d’aller au cinéma, d’ouvrir les livres à succès, d’écouter la musique la plus diffusée, pour se rendre compte que ce qui est propagé en réalité c’est le culte du sexe, de la violence et de l’argent. Le discours noble et généreux est donc destiné à masquer ces trois piliers - il y en a d’autres - de la démocratie totalitaire.
V. L. : Mais que faites-vous des droits de l’homme ? Ne sont-ils pas respectés en Occident bien plus qu’ailleurs ?
A. Z. : L’idée des droits de l’homme est désormais soumise elle aussi à une pression croissante. L’idée, purement idéologique, selon laquelle ils seraient innés et inaltérables ne résisterait même pas à un début d’examen rigoureux. Je suis prêt à soumettre l’idéologie occidentale à l’analyse scientifique, exactement comme je l’ai fait pour le communisme. Ce sera peut-être un peu long pour un entretien.
V. L. : N’a-t-elle pas une idée maîtresse ?
A. Z. : C’est le mondialisme, la globalisation. Autrement dit : la domination mondiale. Et comme cette idée est assez antipathique, on la masque sous le discours plus vague et généreux d’unification planétaire, de transformation du monde en un tout intégré. C’est le vieux masque idéologique soviétique ; celui de l’amitié entre les peuples, "amitié" destinée à couvrir l’expansionnisme. En réalité, l’Occident procède actuellement à un changement de structure à l’échelle planétaire. D’un côté, la société occidentale domine le monde de la tête et des épaules et de l’autre, elle s’organise elle-même verticalement, avec le pouvoir supranational au sommet de la pyramide.
V. L. : Un gouvernement mondial ?
A. Z. : Si vous voulez.
V. L. : Croire cela n’est-ce-pas être un peu victime du fantasme du complot ?
A. Z. : Quel complot ? Il n’y a aucun complot. Le gouvernement mondial est dirigé par les gouverneurs des structures supranationales commerciales, financières et politiques connues de tous. Selon mes calculs, une cinquantaine de millions de personnes fait déjà partie de cette suprasociété qui dirige le monde. Les États-Unis en sont la métropole. Les pays d’Europe occidentale et certains anciens "dragons" asiatiques, la base. Les autres sont dominés suivant une dure gradation économico-financière. Ça, c’est la réalité. La propagande, elle, prétend qu’un gouvernement mondial contrôlé par un parlement mondial serait souhaitable, car le monde est une vaste fraternité. Ce ne sont là que des balivernes destinées aux populations.
V. L. : Le Parlement européen aussi ?
A. Z. : Non, car le Parlement européen existe. Mais il serait naïf de croire que l’union de l’Europe s’est faite parce que les gouvernements des pays concernés l’ont décidé gentiment. L’Union européenne est un instrument de destruction des souverainetés nationales. Elle fait partie des projets élaborés par les organismes supranationaux.
V. L. : La Communauté européenne a changé de nom après la destruction de l’Union soviétique. Elle s’est appelée Union européenne, comme pour la remplacer. Après tout, il y avait d’autres noms possibles. Aussi, ses dirigeants s’appellent-ils "commissaires", comme les Bolcheviks. Ils sont à la tête d’une "Commission", comme les Bolcheviks. Le dernier président a été "élu" tout en étant candidat unique.
A. Z. : Il ne faut pas oublier que des lois régissent l’organisation sociale. Organiser un million d’hommes c’est une chose, dix millions c’en est une autre, cent millions, c’est bien plus compliqué encore. Organiser cinq cent millions est une tâche immense. Il faut créer de nouveaux organismes de direction, former des gens qui vont les administrer, les faire fonctionner. C’est indispensable. Or l’Union soviétique est, en effet, un exemple classique de conglomérat multinational coiffé d’une structure dirigeante supranationale. L’Union européenne veut faire mieux que l’Union soviétique ! C’est légitime. J’ai déjà été frappé, il y a vingt ans, de voir à quel point les soi-disant tares du système soviétique étaient amplifiées en Occident.
V. L. : Par exemple ?
A. Z. : La planification ! L’économie occidentale est infiniment plus planifiée que ne l’a jamais été l’économie soviétique. La bureaucratie ! En Union Soviétique 10 % à 12 % de la population active travaillaient dans la direction et l’administration du pays. Aux États Unis, ils sont entre 16 % et 20 %. C’est pourtant l’URSS qui était critiquée pour son économie planifiée et la lourdeur de son appareil bureaucratique ! Le Comité central du PCUS employait deux mille personnes. L’ensemble de l’appareil du Parti communiste soviétique était constitué de 150000 salariés. Vous trouverez aujourd’hui même, en Occident, des dizaines voire des centaines d’entreprises bancaires et industrielles qui emploient un nombre bien plus élevé de gens. L’appareil bureaucratique du Parti communiste soviétique était pitoyable en comparaison avec ceux des grandes multinationales. L’URSS était en réalité un pays sous-administré. Les fonctionnaires de l’administration auraient dû être deux à trois fois plus nombreux. L’Union européenne le sait, et en tient compte. L’intégration est impossible sans la création d’un très important appareil administratif.
V. L. : Ce que vous dites est contraire aux idées libérales, affichées par les dirigeants européens. Pensez-vous que leur libéralisme est de façade ?
A. Z. : L’administration a tendance à croître énormément. Cette croissance est dangereuse, pour elle-même. Elle le sait. Comme tout organisme, elle trouve ses propres antidotes pour continuer à prospérer. L’initiative privée en est un. La morale publique et privée, un autre. Ce faisant, le pouvoir lutte en quelque sorte contre ses tendances à l’auto-déstabilisation. Il a donc inventé le libéralisme pour contrebalancer ses propres lourdeurs. Et le libéralisme a joué, en effet, un rôle historique considérable. Mais il serait absurde d’être libéral aujourd’hui. La société libérale n’existe plus. Sa doctrine est totalement dépassée à une époque de concentrations capitalistiques sans pareil dans l’histoire. Les mouvements d’énormes masses financières ne tiennent compte ni des intérêts des États ni de ceux des peuples, peuples composés d’individus. Le libéralisme sous-entend l’initiative personnelle et le risque financier personnel. Or, rien ne se fait aujourd’hui sans l’argent des banques. Ces banques, de moins en moins nombreuses d’ailleurs, mènent une politique dictatoriale, dirigiste par nature. Les propriétaires sont à leur merci, puisque tout est soumis au crédit et donc au contrôle des puissances financières. L’importance des individus, fondement du libéralisme, se réduit de jour en jour. Peu importe aujourd’hui qui dirige telle ou telle entreprise ; ou tel ou tel pays d’ailleurs. Bush ou Clinton, Kohl ou Schröder, Chirac ou Jospin, quelle importance ? Ils mènent et mèneront la même politique.
V. L. : Les totalitarismes du XXe siècle ont été extrêmement violents. On ne peut dire la même chose de la démocratie occidentale.
A. Z. : Ce ne sont pas les méthodes, ce sont les résultats qui importent. Un exemple ? L’URSS a perdu vingt million d’hommes et subi des destructions considérables, en combattant l’Allemagne nazie. Pendant la guerre froide, guerre sans bombes ni canons pourtant, ses pertes, sur tous les plans, ont été bien plus considérables ! La durée de vie des Russes a chuté de dix ans dans les dix dernières années. La mortalité dépasse la natalité de manière catastrophique. Deux millions d’enfants ne dorment pas à la maison. Cinq millions d’enfants en âge d’étudier ne vont pas à l’école. Il y a douze millions de drogués recensés. L’alcoolisme s’est généralisé. 70 % des jeunes ne sont pas aptes au service militaire à cause de leur état physique. Ce sont là des conséquences directes de la défaite dans la guerre froide, défaite suivie par l’occidentalisation. Si cela continue, la population du pays descendra rapidement de cent-cinquante à cent, puis à cinquante millions d’habitants. Le totalitarisme démocratique surpassera tous ceux qui l’ont précédé.
V. L. : En violence ?
A. Z. : La drogue, la malnutrition, le sida sont plus efficaces que la violence guerrière. Quoique, après la guerre froide dont la force de destruction a été colossale, l’Occident vient d’inventer la "guerre pacifique". L’Irak et la Yougoslavie sont deux exemples de réponse disproportionnée et de punition collective, que l’appareil de propagande se charge d’habiller en "juste cause" ou en "guerre humanitaire". L’exercice de la violence par les victimes contre elles-mêmes est une autre technique prisée. La contre-révolution russe de 1985 en est un exemple. Mais en faisant la guerre à la Yougoslavie, les pays d’Europe occidentale l’ont faite aussi à eux-mêmes.
V. L. : Selon vous, la guerre contre la Serbie était aussi une guerre contre l’Europe ?
A. Z. : Absolument. Il existe, au sein de l’Europe, des forces capables de lui imposer d’agir contre elle-même. La Serbie a été choisie, parce qu’elle résistait au rouleau compresseur mondialiste. La Russie pourrait être la prochaine sur la liste. Avant la Chine.
V. L. : Malgré son arsenal nucléaire ?
A. Z. : L’arsenal nucléaire russe est énorme mais dépassé. De plus, les Russes sont moralement prêts à être conquis. A l’instar de leurs aïeux qui se rendaient par millions dans l’espoir de vivre mieux sous Hitler que sous Staline, ils souhaitent même cette conquête, dans le même espoir fou de vivre mieux. C’est une victoire idéologique de l’Occident. Seul un lavage de cerveau peut obliger quelqu’un à voir comme positive la violence faite à soi-même. Le développement des mass-media permet des manipulations auxquelles ni Hitler ni Staline ne pouvaient rêver. Si demain, pour des raisons "X", le pouvoir supranational décidait que, tout compte fait, les Albanais posent plus de problèmes que les Serbes, la machine de propagande changerait immédiatement de direction, avec la même bonne conscience. Et les populations suivraient, car elles sont désormais habituées à suivre. Je le répète : on peut tout justifier idéologiquement. L’idéologie des droits de l’homme ne fait pas exception. Partant de là, je pense que le XXIe siècle dépassera en horreur tout ce que l’humanité a connu jusqu’ici. Songez seulement au futur combat contre le communisme chinois. Pour vaincre un pays aussi peuplé, ce n’est ni dix ni vingt mais peut-être cinq cent millions d’individus qu’il faudra éliminer. Avec le développement que connaît actuellement la machine de propagande ce chiffre est tout à fait atteignable. Au nom de la liberté et des droits de l’homme, évidemment. A moins qu’une nouvelle cause, non moins noble, sorte de quelque institution spécialisée en relations publiques.
V. L. : Ne pensez-vous pas que les hommes et les femmes peuvent avoir des opinions, voter, sanctionner par le vote ?
A. Z. : D’abord les gens votent déjà peu et voteront de moins en moins. Quant à l’opinion publique occidentale, elle est désormais conditionnée par les médias. Il n’y a qu’à voir le oui massif à la guerre du Kosovo. Songez donc à la guerre d’Espagne ! Les volontaires arrivaient du monde entier pour combattre dans un camp comme dans l’autre. Souvenez-vous de la guerre du Vietnam. Les gens sont désormais si conditionnés qu’ils ne réagissent plus que dans le sens voulu par l’appareil de propagande.
V. L. : L’URSS et la Yougoslavie étaient les pays les plus multiethniques du monde et pourtant ils ont été détruits. Voyez-vous un lien entre la destruction des pays multiethniques d’un côté et la propagande de la multiethnicité de l’autre ?
A. Z. : Le totalitarisme soviétique avait créé une vraie société multinationale et multiethnique. Ce sont les démocraties occidentales qui ont fait des efforts de propagande surhumains, à l’époque de la guerre froide, pour réveiller les nationalismes. Parce qu’elles voyaient dans l’éclatement de l’URSS le meilleur moyen de la détruire. Le même mécanisme a fonctionné en Yougoslavie. L’Allemagne a toujours voulu la mort de la Yougoslavie. Unie, elle aurait été plus difficile à vaincre. Le système occidental consiste à diviser pour mieux imposer sa loi à toutes les parties à la fois, et s’ériger en juge suprême. Il n’y a pas de raison pour qu’il ne soit pas appliqué à la Chine. Elle pourrait être divisée, en dizaines d’États.
V. L. : La Chine et l’Inde ont protesté de concert contre les bombardements de la Yougoslavie. Pourraient-elles éventuellement constituer un pôle de résistance ? Deux milliards d’individus, ce n’est pas rien !
A. Z. : La puissance militaire et les capacités techniques de l’Occident sont sans commune mesure avec les moyens de ces deux pays.
V. L. : Parce que les performances du matériel de guerre américain en Yougoslavie vous ont impressionné ?
A. Z. : Ce n’est pas le problème. Si la décision avait été prise, la Serbie aurait cessé d’exister en quelques heures. Les dirigeants du Nouvel ordre mondial ont apparemment choisi la stratégie de la violence permanente. Les conflits locaux vont se succéder pour être arrêtés par la machine de "guerre pacifique" que nous venons de voir à l’oeuvre. Cela peut, en effet, être une technique de management planétaire. L’Occident contrôle la majeure partie des ressources naturelles mondiales. Ses ressources intellectuelles sont des millions de fois supérieures à celles du reste de la planète. C’est cette écrasante supériorité qui détermine sa domination technique, artistique, médiatique, informatique, scientifique dont découlent toutes les autres formes de domination. Tout serait simple s’il suffisait de conquérir le monde. Mais il faut encore le diriger. C’est cette question fondamentale que les Américains essaient maintenant de résoudre. C’est cela qui rend "incompréhensibles" certaines actions de la "communauté internationale". Pourquoi Saddam est-il toujours là ? Pourquoi Karadzic n’est-il toujours pas arrêté ? Voyez-vous, à l’époque du Christ, nous étions peut-être cent millions sur l’ensemble du globe. Aujourd’hui, le Nigeria compte presqu’autant d’habitants ! Le milliard d’Occidentaux et assimilés va diriger le reste du monde. Mais ce milliard devra être dirigé à son tour. Il faudra probablement deux cent millions de personnes pour diriger le monde occidental. Il faut les sélectionner, les former. Voilà pourquoi la Chine est condamnée à l’échec dans sa lutte contre l’hégémonie occidentale. Ce pays sous-administré n’a ni les capacités économiques ni les ressources intellectuelles pour mettre en place un appareil de direction efficace, composé de quelque trois cent millions d’individus. Seul l’Occident est capable de résoudre les problèmes de management à l’échelle de la planète. Cela se met déjà en place. Les centaines de milliers d’Occidentaux se trouvant dans les anciens pays communistes, en Russie par exemple, occupent dans leur écrasante majorité des postes de direction. La démocratie totalitaire sera aussi une démocratie coloniale.
V. L. : Pour Marx, la colonisation était civilisatrice. Pourquoi ne le serait-elle pas à nouveau ?
A. Z. : Pourquoi pas, en effet ? Mais pas pour tout le monde. Quel est l’apport des Indiens d’Amérique à la civilisation ? Il est presque nul, car ils ont été exterminés, écrasés. Voyez maintenant l’apport des Russes ! L’Occident se méfiait d’ailleurs moins de la puissance militaire soviétique que de son potentiel intellectuel, artistique, sportif. Parce qu’il dénotait une extraordinaire vitalité. Or c’est la première chose à détruire chez un ennemi. Et c’est ce qui a été fait. La science russe dépend aujourd’hui des financements américains. Et elle est dans un état pitoyable, car ces derniers n’ont aucun intérêt à financer des concurrents. Ils préfèrent faire travailler les savants russes aux USA. Le cinéma soviétique a été lui aussi détruit et remplacé par le cinéma américain. En littérature, c’est la même chose. La domination mondiale s’exprime, avant tout, par le diktat intellectuel ou culturel si vous préférez. Voilà pourquoi les Américains s’acharnent, depuis des décennies, à baisser le niveau culturel et intellectuel du monde : ils veulent le ramener au leur pour pouvoir exercer ce diktat.
V. L. : Mais cette domination, ne serait-elle pas, après tout, un bien pour l’humanité ?
A. Z. : Ceux qui vivront dans dix générations pourront effectivement dire que les choses se sont faites pour le bien de l’humanité, autrement dit pour leur bien à eux. Mais qu’en est-il du Russe ou du Français qui vit aujourd’hui ? Peut-il se réjouir s’il sait que l’avenir de son peuple pourrait être celui des Indiens d’Amérique ? Le terme d’Humanité est une abstraction. Dans la vie réelle il y a des Russes, des Français, des Serbes, etc. Or si les choses continuent comme elles sont parties, les peuples qui ont fait notre civilisation, je pense avant tout aux peuples latins, vont progressivement disparaître. L’Europe occidentale est submergée par une marée d’étrangers. Nous n’en avons pas encore parlé, mais ce n’est ni le fruit du hasard, ni celui de mouvements prétendument incontrôlables. Le but est de créer en Europe une situation semblable à celle des États-Unis. Savoir que l’humanité va être heureuse, mais sans Français, ne devrait pas tellement réjouir les Français actuels. Après tout, laisser sur terre un nombre limité de gens qui vivraient comme au Paradis, pourrait être un projet rationnel. Ceux-là penseraient d’ailleurs sûrement que leur bonheur est l’aboutissement de la marche de l’histoire. Non, il n’est de vie que celle que nous et les nôtres vivons aujourd’hui.
V. L. : Le système soviétique était inefficace. Les sociétés totalitaires sont-elles toutes condamnées à l’inefficacité ?
A. Z. : Qu’est-ce que l’efficacité ? Aux États-Unis, les sommes dépensées pour maigrir dépassent le budget de la Russie. Et pourtant le nombre des gros augmente. Il y a des dizaines d’exemples de cet ordre.
V. L. : Peut-on dire que l’Occident vit actuellement une radicalisation qui porte les germes de sa propre destruction ?
A. Z. : Le nazisme a été détruit dans une guerre totale. Le système soviétique était jeune et vigoureux. Il aurait continué à vivre s’il n’avait pas été combattu de l’extérieur. Les systèmes sociaux ne s’autodétruisent pas. Seule une force extérieure peut anéantir un système social. Comme seul un obstacle peut empêcher une boule de rouler. Je pourrais le démontrer comme on démontre un théorème. Actuellement, nous sommes dominés par un pays disposant d’une supériorité économique et militaire écrasante. Le Nouvel ordre mondial se veut unipolaire. Si le gouvernement supranational y parvenait, n’ayant aucun ennemi extérieur, ce système social unique pourrait exister jusqu’à la fin des temps. Un homme seul peut être détruit par ses propres maladies. Mais un groupe, même restreint, aura déjà tendance à se survivre par la reproduction. Imaginez un système social composé de milliards d’individus ! Ses possibilités de repérer et d’arrêter les phénomènes autodestructeurs seront infinies. Le processus d’uniformisation du monde ne peut être arrêté dans l’avenir prévisible. Car le totalitarisme démocratique est la dernière phase de l’évolution de la société occidentale, évolution commencée à la Renaissance.

12.9.19

Thomas Piketty : «Chaque société invente un récit idéologique pour justifier ses inégalités»



Sonya Faure, Photos Rémy Artiges 

Comment écrire la suite d’un best-seller sur l’explosion des inégalités sociales vendu à 2,5 millions d’exemplaires dans le monde entier ? Après le succès du Capital au XXIe siècle (Le Seuil) paru en 2013 et des conférences données à travers la planète, Thomas Piketty est retourné dans son étroit bureau de l’Ecole d’économie de Paris pour écrire de mai 2018 à mai 2019, 1 200 pages sur la façon dont les idéologies justifient au fil de l’histoire ces inégalités.
Paris, le 11 septembre 2019
Thomas Piketty, rédacteur en chef du journal Libération.
Thomas Piketty est un homme de chiffres qui croit puissammentà l’impact des idées. Un économiste qui travaille à partir de l’histoire. Avec Capital et idéologie (Le Seuil) qui sort ce jeudi en librairie, il veut montrer que les régimes inégalitaires, tel celui dans lequel nous vivons, ne sont pas irréversibles, et que les inégalités sociales, loin d’être naturelles, sont construites au XXIe siècle par un «récit propriétariste, entrepreneurial et méritocratique». Pourquoi ne alors changer de récit, renverser ces valeurs ? C’est ce que propose l’économiste dans la dernière partie très programmatique de son ouvrage. Ne pas s’arrêter à Trump ou aux brexiters, ne pas se contenter de dénoncer les dérives populistes qui menaceraient la social-démocratie, mais reprendre la construction d’une société plus juste en sortant de la «sacralisation quasi religieuse de la propriété» qui anime nos sociétés. Il invite tous ceux qui le lisent à croire à nouveau à l’utopie socialiste. Plausible ? Optimisme chevillé au corps, lui y croit en livrant à la sagacité des citoyens la somme d’un travail colossal sur le fondement idéologique des inégalités.
Vous publiez un livre-enquête de 1 200 pages sur les inégalités sociales que vous résumez en une phrase (!) dans votre introduction : l’inégalité n’est pas économique ou technologique, elle est idéologique et politique. Qu’entendez-vous par là ?
J’essaie de montrer dans le livre que l’inégalité est toujours une construction politique et idéologique, et que les constructions du présent sont aussi fragiles que celles du passé. Nous vivons aujourd’hui avec l’idée selon laquelle les inégalités d’autrefois étaient despotiques, arbitraires et que nous serions dans un monde beaucoup plus mobile et démocratique, où celles-ci sont devenues justes et justifiées. Mais cette vision ne tient pas la route, elle est le fait d’élites qui affirment que les inégalités sont naturelles et ne peuvent pas être changées, sinon au prix d’immenses catastrophes. En réalité, chaque société humaine doit inventer un récit idéologique pour justifier ses inégalités, qui ne sont jamais naturelles. Ce discours, aujourd’hui, est propriétariste, entrepreneurial et méritocratique. L’inégalité moderne serait juste car chacun aurait en théorie les mêmes chances d’accéder au marché et à la propriété. Problème, il apparaît de plus en plus fragile, avec la montée des inégalités socio-économiques dans presque toutes les régions du monde depuis les années 80-90.
Une des pierres angulaires de ce récit hyperinégalitaire est la sacralisation de la propriété, selon vous…
On observe des formes de sacralisation de la propriété, qui rappellent parfois les inégalités très choquantes des siècles passés. Au XIXe par exemple, quand on abolit l’esclavage, on est persuadé, tel Tocqueville, qu’il faut indemniser les propriétaires, mais pas les esclaves qui ont travaillé pendant des siècles sans être payés ! L’argument est imparable : s’il n’y a pas de compensation, comment expliquer à une personne qu’elle doit rendre le patrimoine qu’elle avait acquis de manière légale à l’époque ? Que fait-on d’une personne qui a vendu ses esclaves il y a quelques années et qui possède maintenant des actifs immobiliers ou financiers ? Cette sacralisation quasi religieuse de la propriété, cette peur du vide dès lors qu’on commence à remettre en cause les principes de la propriété faisait qu’on était prêt à justifier n’importe quel droit de propriété issu du passé comme fondamentalement juste et impossible à remettre en cause. On la retrouve actuellement avec la question des supermilliardaires, quel que soit le nombre de zéros. Les fortunes individuelles pouvaient atteindre 10 milliards d’euros il y a quinze ans, désormais, c’est 100 milliards…
Nous sommes donc dans la sacralisation de la propriété…
Cette peur peut nous empêcher de résoudre des problèmes extrêmement graves, comme le réchauffement climatique, et plus largement d’avoir un système économique qui soit acceptable pour le plus grand nombre. Cette espèce de fixation, de sacralisation de la propriété comme indépassable, est un danger pour les sociétés humaines. En France comme au Royaume-Uni, dans les années 80, on a basculé directement d’un système qui misait sur les nationalisations et la propriété étatique comme unique mode de dépassement du capitalisme, à… rien du tout ! Cette bascule soudaine dans la libéralisation totale des flux de capitaux, couplée à la chute du mur de Berlin et la fin du communisme a enterré les tentatives pour repenser la propriété.
L’histoire des inégalités que vous retracez dans votre livre montre pourtant qu’à certaines périodes, on n’a pas hésité à remettre en cause les principes de la propriété…
L’histoire montre que les idéologies en place finissent toujours par être questionnées, remplacées. Dans le passé, on a su dépasser cette sacralisation. Après la Seconde Guerre mondiale, on a eu besoin d’investir dans les infrastructures. Des pays comme l’Allemagne et le Japon ont mis en place des systèmes d’impôt progressifs sur la propriété, favorisant la réduction de façon très rapide de l’endettement public et la répartition économique. Ces expériences réussies, qui permettent la croissance d’après-guerre, prouvent que c’est plus par l’égalité et l’investissement éducatif qu’on obtient la prospérité collective que dans la sacralisation de la propriété et de l’inégalité. Malheureusement, ces expériences ont été oubliées. Il n’y a pas de fatalité dans les régimes inégalitaires. Je veux croire qu’un dépassement de la propriété et du capitalisme est en cours depuis la fin du XIXe siècle. Il a connu des périodes d’accélération, de pause, voire de régression depuis les années 80-90. Mais on peut reprendre le fil de cette histoire. Rien n’est déterminé, chacun, aujourd’hui, peut s’approprier ces enjeux. Le dépassement de la propriété privée n’a rien d’utopique et s’inscrit dans la suite logique de la construction d’une société plus juste.
Paris, le 11 septembre 2019
Thomas Piketty, rédacteur en chef du journal Libération.
Mais l’idéologie propriétariste est très forte ! Qui va lâcher ses biens ? Personne, même le plus modeste des propriétaires !
Je défends l’idée qu’on peut dépasser la propriété privée en instaurant une autre forme de propriété, sociale et temporaire. Tout bien, entreprise ou immeuble réunit de nombreuses parties prenantes. Les salariés ou les occupants doivent participer à sa gestion autant que ses propriétaires. C’est d’ailleurs ce qui est fait depuis longtemps en Allemagne, où la moitié des voix dans les conseils d’administration vont aux représentants de salariés. Mais il faut aller plus loin en imaginant des systèmes de plafonnement des droits de vote des actionnaires individuels dans les grandes entreprises. Autant il est normal que la personne qui a apporté le capital d’une société de 10 salariés ait plus de pouvoir que l’employé recruté la veille et qui partira peut-être monter son propre projet dans quelque temps, autant pour une entreprise de plus de 100 salariés, on pourrait imaginer de plafonner à 10 % les droits de vote de tout actionnaire individuel. Cela obligerait à une plus grande délibération, une plus grande circulation du pouvoir, des idées.
Et ça, ce n’est pas de l’expropriation ?
La propriété est toujours sociale dans ses origines. C’est le droit des propriétaires et parfois des Constitutions qui l’a souvent sacralisée. Mais il n’y a pas de fatalité à cela. L’Allemagne, que ce soit dans la Constitution de Weimar en 1919 ou dans celle de 1949, a pris soin de définir la propriété de façon sociale : elle y est formulée comme devant d’abord être au service de l’intérêt général. On se laisse donc la possibilité, si nécessaire, de partager le pouvoir dans les entreprises, de mener des réformes agraires, de répartir les logements en fonction des besoins…
Mais comment empêcher que le capital reste toujours dans les mêmes mains ?
Il faut rendre la propriété temporaire : les mêmes personnes ne doivent pas concentrer le capital éternellement. Je propose qu’au-delà d’un certain seuil, chacun redonne à la collectivité une partie de ce qu’il détient. J’imagine un impôt très progressif sur la propriété : il serait très faible (mettons 0,1 %) pour les personnes qui possèdent 100 000 ou 200 000 euros (trois fois moins que l’actuelle taxe foncière), mais pourrait monter jusqu’à 90 % pour ceux ayant au-delà de 10 000 fois le patrimoine moyen, c’est-à-dire plus de 2 milliards d’euros. Dans un tel système, les milliardaires disparaîtraient, de fait. Mais la petite propriété privée, elle, aurait toute sa place, tout comme l’entreprenariat. Car l’idée qu’il est tout à fait naturel que les entrepreneurs soient milliardaires est un mythe absurde, sur lequel repose en partie notre culte de la propriété privée : en réalité, les entrepreneurs qui ont des idées ne gagnent bien souvent pas des fortunes, et le dynamisme économique se nourrit justement de ces petits succès, de ces petites entreprises. L’hyperconcentration du capital entre les mains de quelques personnes n’est pas un modèle efficace ni indépassable.
Prendre beaucoup aux plus riches, l’idée n’est pas nouvelle…
Le tout est de la réaliser avec méthode ! Cet impôt progressif, qui drainerait une recette de l’ordre de 5 % du PIB, bien plus élevée que la taxe foncière (2 %), permettrait le versement d’une dotation universelle : en France par exemple, tous les jeunes de 25 ans recevraient 120 000 euros, ce qui représente tout de même 60 % du patrimoine moyen par adulte. On permettrait là une vraie circulation de capital.
Paris, le 11 septembre 2019
Thomas Piketty, rédacteur en chef du journal Libération.
On abandonne l’idée de revenu universel ?
Non, on va au-delà. Le revenu universel, ou de base, est très utile, j’y suis favorable. Mais si on veut dépasser la question de la propriété et du capitalisme, il faut aller au-delà de la question du revenu. La propriété, c’est le pouvoir économique. C’est le fait de pouvoir participer à la gouvernance des entreprises, d’investir dans les médias pour certains, c’est le fait de ne pas passer sa vie à payer des loyers à des enfants de propriétaires parce qu’on est né enfant de locataires… Le revenu est important bien sûr, mais en rester à ce dernier serait une vision au rabais de la justice sociale. L’idée d’une dotation de capital se situe d’ailleurs dans une très longue histoire. Je n’invente rien, j’essaie de remettre des mouvements d’idées dans une perspective plus longue. Lors de la Révolution française, Thomas Paine proposait de verser les recettes d’un nouvel impôt sur les successions sous forme de dotations agraires à chacun. L’économiste anglais Anthony B. Atkinson avançait lui aussi, il y a quelques années, une dotation universelle à l’âge de 25 ans. Je propose quelque chose de plus ambitieux, alimenté à la fois par l’impôt sur les successions, par un impôt annuel sur la propriété, ce qui permettrait d’atteindre des niveaux bien plus importants. Concrètement, là où Atkinson évoquait une dotation de 10 000 euros par jeunes adultes, on irait avec ce système jusqu’à 120 000 euros. En fait, ce que je propose, c’est une forme d’«héritage pour tous».
Un «héritage pour tous», un peu démagogique, non ?
L’égalité face à l’héritage n’a rien de démagogique, pas plus que l’égalité éducative. Nous vivons dans une société où 50 % de la population n’hérite de rien, ou presque : la moitié la plus pauvre reçoit 5 000 ou 10 000 euros, et souvent très tard dans sa vie. C’est la grande limite de toutes les social-démocraties jusqu’à aujourd’hui : dans notre système, les 50 % les plus pauvres ne possèdent rien, et ce dans toutes les tranches d’âges, et depuis toujours. Jamais dans l’histoire les 50 % les plus défavorisés n’ont détenu plus de 10 % du capital. Je propose de socialiser l’héritage pour que tout le monde en bénéficie à 25 ans plutôt qu’à 50. Ce qui permet au passage de rajeunir le patrimoine, et donc le pouvoir qui va avec. Aujourd’hui, le patrimoine est très vieux et quand un gouvernement réduit l’ISF, il fait un cadeau fiscal aux septuagénaires aisés… C’est tout de même un choix politique étonnant. L’instauration d’une propriété sociale et temporaire permettrait de dépasser le système hyperpropriétariste actuel : il ne s’agit pas de supprimer toute forme de propriété - on ne touche pas à la petite propriété privée, il y aura même toujours des fortunes de quelques millions d’euros - mais de rester dans des formes de propriétés raisonnables, dans le respect de l’intérêt général.
Mais faire accepter ces réformes supposerait un nouveau récit, une transformation politico-idéologique d’ampleur !
C’est ce qui s’est toujours passé dans l’histoire ! D’ailleurs, ce nouveau récit existe déjà en partie, il n’est pas entièrement à inventer, c’est ce que je tente de montrer en m’appuyant sur des expériences qui ont eu lieu dans le passé et en les portant plus loin. Si on arrivait à tous se mettre d’accord sur ce que j’appelle le «socialisme participatif», ce serait une réelle avancée. Je vois plusieurs éléments qui vont dans cette direction, y compris en France : après tout, on a introduit en 2013 un siège pour les salariés dans les conseils d’administration ! Cela reste certes dérisoire quand on sait que l’Allemagne leur a donné 50 % des sièges il y a cinquante ans…
Pourquoi cette longue réticence dans notre pays ?
En partie parce que l’on prête trop peu d’intérêt à ces sujets. Dans les années 70, on parlait d’autogestion mais sans l’incarner dans des mesures, des projets précis. Finalement, quand la gauche est revenue au pouvoir, elle a opté pour une vieille solution : les nationalisations. Il n’y a pas eu de remise en cause radicale de la notion «une action = une voix». La relation entre pouvoir et propriété n’a pas vraiment été creusée. Il va pourtant falloir qu’on en parle si on veut dépasser la propriété privée et le capitalisme. Et proposer un nouvel horizon égalitaire à visée universelle, une idéologie de la propriété sociale, de l’éducation, du partage des savoirs… Ces nouveaux récits devront être plus convaincants que les précédents, car mieux ancrés dans les leçons de l’histoire.
Mais ça ne s’est jamais vu de remettre en question la propriété comme vous le suggérez…
Je ne suis pas d’accord. Au XXe siècle, de nombreux pays ont adopté des impôts progressifs dépassant 70 % des revenus ou des successions. Aux Etats-Unis, par exemple, les taux d’imposition sur les revenus des plus riches ont pu atteindre les 80 %, et même 90 %, sans que cela n’ait empêché un développement économique et social du pays. Il faut reprendre ce chemin dont une partie du monde s’est détournée au début des années 80, notamment au moment de la chute du communisme. On n’a pas su passer à l’étape suivante, avec les nouveaux défis de la tertiarisation éducative, par exemple. Une autre nouveauté est que, pour la première fois et depuis peu, nous avons dans des communautés politiques des groupes humains issus de traditions religieuses différentes qui se retrouvent sur la base d’un principe d’égalité à vivre ensemble. Et cela ne s’était jamais vu jusqu’aux années 60-70. Avant cela, les seules relations qui se faisaient avec le reste du monde étaient basées sur des relations coloniales. En Algérie, jusqu’aux années 50, c’est 90 % du budget de l’éducation qui profite aux seuls colons qui ne représentent que 10 % de la population. Et l’Algérie est alors l’un des pays les plus inégalitaires au monde, avec l’Afrique du Sud.
Paris, le 11 septembre 2019
Thomas Piketty, rédacteur en chef du journal Libération.
Face à ce nouveau monde post-communiste et hypercapitaliste, vous voyez aussi l’échec de la social-démocratie qui n’a pas su proposer un nouveau récit égalitaire…
Entre 1950 et 1980, on a cru sauver le projet social-démocrate parce qu’on avait limité les flux de capitaux et qu’on avait pu bâtir l’Etat social dans le cadre strict de l’Etat-nation. Mais à partir du moment où on s’est de nouveau mis dans les années 90 à libéraliser les flux de capitaux sans contrôle, sans savoir qui possède quoi, on s’est retrouvé dans une situation un peu similaire à celles des sociaux-démocrates de l’entre-deux-guerres : on n’avait plus les moyens de réguler le capitalisme-monde parce qu’on ne se les était pas donnés. Dans les Origines du totalitarisme, Hannah Arendt estime que la plus grande faiblesse des sociaux-démocrates allemands, français, britanniques de l’entre-deux-guerres, c’est d’avoir été des internationalistes de façade. Ils n’avaient pas compris que pour réguler l’économie de l’Etat-monde et le déchaînement du capitalisme mondial, les pays avaient besoin de formes politiques transnationales nouvelles. Ils n’avaient pas de vrai projet de dépassement de l’Etat-nation alors que face à eux, l’Union soviétique forgeait le projet d’un communisme mondial, ou du moins eurasiatique, l’idéologie nazie se proposait de dépasser les frontières de l’Allemagne, sans compter que les projets coloniaux ou néocoloniaux européens et états-uniens avaient eux aussi une dimension mondiale. Les sociaux-démocrates étaient les seuls à ne pas prendre au sérieux le fait qu’un capitalisme monde demande une politique monde. Ce reproche de Hannah Arendt aux sociaux-démocrates pourrait fonctionner en 2019. Défis posés par la remontée historique des inégalités, rejet de la mondialisation, repli identitaire… Le modèle social-démocrate actuel n’a pas su penser le dépassement de l’Etat-nation par des formes transnationales ; il n’a su concevoir le dépassement du régime de propriété, de la propriété privée et actionnariale - l’expérience communiste a gelé la réflexion sur ce point. Il s’est montré incapable de penser et organiser la redistribution et la progressivité fiscale à l’échelle transnationale.
Vous soutenez ainsi que nous sommes à nouveau dans un mythe égalitaire aujourd’hui, particulièrement en France…
C’est un discours convenu des élites. Au XIXe siècle, déjà, elles instrumentalisaient le mythe égalitaire de la Révolution. Or la France est le dernier pays en 1914 à adopter l’impôt progressif sur le revenu, déjà en place aux Etats-Unis, au Japon et dans de nombreux Etats européens. Contrairement aux promesses du discours méritocratique, notre système éducatif est profondément inégalitaire. On met trois fois plus de moyens sur les enfants qui font des grandes écoles ou des prépas que sur le reste des étudiants qui sont bien plus nombreux. A ce constat, on nous rétorque : mais ils ont été sélectionnés sur les règles de la méritocratie et non pas sur des privilèges de classes. C’est une réponse biaisée. Chaque pays s’invente des croyances dans sa propre exceptionnalité. La question de la méritocratie va prendre une dimension nouvelle avec la montée des effectifs dans l’enseignement supérieur car les gagnants du système éducatif ont développé une idéologie de leur propre mérite qui consiste à stigmatiser les perdants de ce système dans des proportions qu’on n’avait pas dans les régimes inégalitaires précédents. Finalement, on explique aux classes perdantes que ce sont elles qui sont responsables de leur situation.
Comme pendant les années 30, le capitalisme a bien failli s’effondrer en 2008. Or on ne peut pas dire qu’il ait été remis en question à la suite cette crise financière mondiale…
Sans doute parce qu’il n’y a pas eu le travail intellectuel permettant de se poser la question de la reconstruction du capitalisme. La crise a servi à parer au plus pressé. Peut-être étions-nous encore trop proches de la chute du communisme et de l’idée selon laquelle le capitalisme est un horizon indépassable. Je crois que la question d’un socialisme participatif et du social-fédéralisme se pose plus que jamais. D’autres trajectoires sont malheureusement possibles, à commencer par le repli identitaire, qui se nourrit du fatalisme face à toute perspective d’une économie juste. En être conscient, c’est justement une motivation de plus pour proposer de nouvelles formes d’organisations égalitaires et internationalistes. J’essaie d’y contribuer.
Sonya Faure Photos Rémy Artiges pour Libération , Cécile Daumas , Vittorio De Filippis
Thomas Piketty Capital et idéologie Seuil, 1 248 pp., 25 €.

3.9.19

Regali​știlor rom​âni







1918-1919-1925
PRINCIPELE CAROL RENUNȚĂ DE TREI ORI 
LA DREPTUL DE MOȘTENITOR AL TRONULUI REGAL

DOCUMENTELE CASEI REGALE

Regele Carol al II-lea (1930-1940) a avut o tinerețe tumultoasă. El a rămas în istorie ca singurul principe moștenitor al titlului de rege care a renunțat la drepturile sale pentru două femei diferite.

În anii 1918-1919, pentru a se putea căsători cu domnișoara Ioan Maria Valentina (Zizi) Lambrino, a renunțat la drepturi în două rânduri. În urma presiunilor exercitate de Casa Regală și de Ion I.C. Brătianu, principele Carol a acceptat anularea acestei căsătorii – din care a rezultat un băiat pe nume Mircea – și a revenit în cadrul Familiei Regale.

În martie 1921, principele Carol s-a căsătorit cu principesa Elena a Greciei, iar la 25 octombrie, în același an, cei doi au devenit părinții unui băiat pe care l-au botezat Mihai, în amintirea Domnitorului Unirii de la 1600. 
La scurt timp după nașterea lui Mihai, Carol a început o nouă relație amoroasă, cu o tânără pe nume Elena Lupescu. Ea l-a determinat pe moștenitor să renunțe, pentru a treia oară, la drepturile sale, în decembrie 1925.

De data aceasta, regele Ferdinand și primul-ministru Ion I.C. Brătianu au acceptat decăderea din drepturi a neseriosului principe, iar Parlamentul de la București l-a proclamat primul în ordinea la succesiune pe Mihai, care avea numai patru ani (și care a devenit rege, pentru prima dată, la vârsta de șase ani neîmpliniți).

Renunțarea lui Carol la drepturile sale a stârnit senzație, atât în țară, cât și în străinătate. Casa Regală a României s-a simțit datoare să ofere detalii lămuritoare despre cum s-a ajuns aici, publicând documentele renunțării sub forma unei broșuri care conținea firul evenimentelor, dar și corespondența dintre principalii actori ai acestei chestiuni.

Vă oferim spre lectură paginile acestei ale broșuri, al cărei original se află în arhivele C.N.S.A.S.

//

PRIMA RENUNȚARE LA TRON
Iași, septembrie 1918

La Iași, în 2 septembrie 1918, principele Carol renunță în scris la toate drepturile sale. El trece granița cu doamna Zizi Lambrino. Își părăsește țara însângerată de război și unitatea pe care o comandă, pentru a fugi în țară străină, în înțelegere cu inamicul care o ocupa. El se căsătorește la Odessa, ce e drept fără forme legale, sub paza baionetelor dușmane, ieri încă în luptă cu noi. 
Îndurerat, regele Ferdinand trimite un colonel din imediata sa apropiere să mustre pe fiul rătăcit și să-l readucă pe calea cea dreaptă.

Iată instrucțiunile sfâșietoare pe care le dă regele trimisului său:
Telegrama din Bicaz 6/19 septembrie 1918
„Înainte de a vă autoriza de a întrebuința forța, asigurați-vă că nu mai este nicio nădejde de a obține reîntoarcerea la sentimentul realității. În interesul lui, chiar dacă este irevocabil hotărât să-și pună planul în execuție, arătați monstruozitatea ca ruperea definitivă cu Familia și Țara să se facă pe pământ străin, sub paza unor baionete străine, ieri încă în luptă cu noi."
FERDINAND

Principele Carol, readus în țară, persistă însă în nenorocita sa hotărâre. Față de lovitura care se dădea dinastiei, regele Ferdinand cheamă pe foștii președinți de consiliu, spre a-i consulta asupra acestei prime renunțări a principelui Carol. Generalul Averescu și Alexandru Marghiloman s-au pronunțat atunci pentru acceptarea renunțării și imediata înlăturare a prințului de la succesiunea tronului. Judecând cu asprime fapta săvârșită, ei nu socoteau pe prinț demn de a domni. Generalul Averescu, mai cu seamă, care văzuse purtarea prințului în război, era cel mai neîndurător. Găsim părerea lui în cartea unde primul-ministru de atunci, Alexandru Marghiloman, și-a însemnat amintirile.

La 9/22 septembrie 1918 [Marghiloman] scrie:
„Mai interesant Averescu care, după ce căutase un contact cu mine... intră imediat în chestiune: Tranzacțiunea nu e cu putință!... Prințul n-are nicio calitate pentru domnie... La 29 octombrie 1916 primisem ordin să mă retrag din Valea Prahovei; toți erau abătuți și triști; trebuia să se dea bătălia de la București; sondele erau incendiate. În această atmosferă groaznică, a trebuit la [orele] 9 să ordon șefilor de corp să se retragă de la masa cu prințul, ca să execute ordinele, dar prințul a stat la masă până la 2 dimineașa; patrulele inamice erau la 20 de kilometri.
Era dezgustător...
Din toate cele ce s-au petrecut nu-i curat decât un lucru: căsătoria. Să nu o murdărească și pe aceasta."

Domnul Ion I.C. Brătianu, singurul care-l apăra, consideră pe principe ca nefiind încă matur și, tocmai pentru a salva continuitatea monarhică, este împotriva oricărei măsuri asupra căreia nu s-ar mai putea reveni și voiește a da timp principelui să se coacă la minte.

Regele pedepsește pe fiul său cu 75 de zile arest la Horaița.
Evenimentele fericite de pe frontul Salonic fac pe rege să-l ierte de restul pedepsei, cu încrederea că de astădată fiul a revenit pe calea cea dreaptă. 
Totdeodată, însărcinează pe domnul Ion I.C. Brătianu să vadă pe prinț și să-i vorbească.

Iată raportul domnului Ion I.C. Brătianu către M.S. regele, asupra acestei întrevederi avute la Iași, în ziua de 31 octombrie/13 noiembrie 1918:
„Am spus prințului că nu va putea domni dacă ar persista în căsătoria sa și că renunțarea lui la Tron ar echivala cu o dezertare. Socoteam chiar că, dacă ar fi fugit înaintea inamicului, principele ar fi mult mai puțin vinovat față de țară, căci zeci de mii de ostași l-ar fi putut înlocui, dar că a dezerta de la Coroană înseamnă a face dinastiei o situațiune periculoasă și că nimeni altul nu putea atunci să îndeplinească sarcina pe care o avea.
I-am spus să asculte de părinți, să nu uite că tinerețea poate întotdeauna să învețe și că, pentru suverani, a ști să asculte este o calitate de căpetenie. Primul Wilhelm era poate mai puțin înzestrat decât cel de-al doilea, dar el știa mai bine să asculte și de aceea el va rămâne „Wilhelm der Grosse" și nepotul său „Wilhelm der Letzte".

Domnul Brătianu termină raportul său, constatând:
„Fapt este că principele are înfățișarea unui om năucit, îndărătnic, fiindcă simte că obiecțiunile sale nu au temei, hotărât să lase să fie anulată căsătoria sa, cu speranța că mai târziu va reîncepe. Am nădejdea totuși că acțiunea timpului îl va scoate din starea hipnotică în care se găsește acum și, de altfel, o lege ar trebui între timp să regulamenteze căsătoria princiară".

Pseudo-căsătoria de la Odessa cu doamna Zizi Lambrino este anulată de Înalta Curte de Casație, la 8 ianuarie 1919, cu însăși consimțământul prințului, care declară în scris, la 11 noiembrie 1918: „Nu mă opun la anularea actului de căsătorie încheiat la Odessa".
CAROL 
11/XI/1918

A DOUA RENUNȚARE LA TRON
August 1919

La 1 august 1919, la șapte luni după anularea căsătoriei, principele revine asupra hotărârii sale și declară într-o scrisoare către doamna Lambrino că: „cu toată anularea căsătoriei noastre, niciodată n-am încetat de a mă considera ca [fiind] soțul tău".
CAROL, Principe al României

Această nouă hotărâre a prințului este însoțită, în aceeași zi, adică la 1 august 1919, de o a doua renunțare la toate drepturile sale de principe moștenitor, adresată M.S. Regelui și trimisă în copie tuturor șefilor de partide.

Redăm textual conținutul uneia din aceste scrisori adresată domnului Moscovici, șeful Partidului Socialist:
„În calitatea dumneavoastră de conducător al Partidului Socialist vă înștiințez că astăzi 1/8/1919, am înaintat M.S. Regelui următorul act de renunțare la drepturile mele de principe moștenitor:

SIRE,
Pe temeiul unui drept implicitamente recunoscut prin art. 83 par. 2 al Constituției, declar că renunț la calitatea mea de principe moștenitor al Coroanei României, atât pentru mine personal cât și pentru descendenții mei, și la toate avantagiile ce-mi sunt recunoscute de Constituție în această însușire de principe moștenitor al Tronului.
Rămân slujitor credincios al țării și, punând spada mea în serviciul ei, rog pe Majestatea Voastră să-mi desemneze un loc de luptă printre ostașii ce se găsesc azi pe front.
CAROL, Principe al României
București, 1 august 1919

În scopul de a da prințului timp de gândire și a lămuri situația în favoarea sa, prințul este trimis cu unitatea sa pe frontul de la Tisa, iar „Monitorul Oficial", la 1 septembrie 1919, publică, după cererea regelui, următorul comunicat: „O publicitate regretabilă și suspectă a fost dată prin radiograme și presa străină unei așa zise scrisori de renunțare la drepturile sale de moștenitor al Tronului, adresată de A.S. Regală Principele Carol, M.S. Regelui.
Oricare ar fi autencitatea textului publicat și oricare ar fi împrejurările în care scrisoarea a putut fi dată publicității, orice concluziune temeinică este prematură, înainte de a se fi statuat de cei în drept, adică de M.S. Regele și guvernul țării, asupra urmării și sancțiunilor cuvenite unui act de o deosebită împortanță, întrucât el ar fi expresiunea reală și directă a unei voințe libere.
Astăzi A.S.R. Carol comandă regimentul său pe frontul Tisei și, în această comandă, pe care o deține pe temeiul înaltei sale situațiuni, unica sa preocupare este îndeplinirea îndatoririlor sale ostășești".

Ca răspuns la acest comunicat, primul ministru primește, la 9 septembrie 1919, de la Principele Carol, care se afla la Erlau, în Ungaria, următoarea scrisoare:

Erlau, 9 septembrie 1919
Domnule Brătianu,
Primind ieri „Monitorul Oficial" din 2 septembrie am rămas nu se poate mai mirat și indignat citind comunicatul guvernului în chestiunea scrisorii mele de renunțare. 
Punând la o parte că acest comunicat este o palmă dată mie și care nu pot s-o las să treacă nerelevată, găsesc că este o insultă adusă aceluia pe care, în contra voinței sale, îl considerați ca moștenitorul Tronului. 
Sunt două fraze care sunt complet jignitoare pentru mine: <<Întrucât el ar fi expresiunea reală și directă a unei voințe libere>> și <<în această comandă pe care o deține pe temeiul înaltei sale situațiuni>>. Adică, credeți dumneavoastră că nu sunt decât o păpușă care nu știe ce vrea? Greșiți!
Dacă am făcut un astfel de gest este că știu ce fac și că o fac cu o conștiință complet împăcată. Într-un an de zile am avut timp să mă gândesc și n-am făcut acest gest decât când cuțitul era la os. 
Credeți că timpul temperează toate. Să știți că, oricâte piedici veți pune, eu nu voi renunța la soția mea.
Pentru a doua frază găsesc că este jignitor să se declare <<că numai grație pozițiunii înalte comand un regiment>>.
Aceste fraze atât de puțin măgulitoare sper că vor fi îndreptate și voi primi completă satisfacție.
CAROL

Domnul Ion I.C. Brătianu trimite prințului o scrisoare de răspuns, pe care o supune întâi aprobării regelui Ferdinand.
Iată răspunsul domnului I.I.C. Brătianu către prințul Carol și scrisoarea regelui:

„București, 16 septembrie 1919
Datoria către moștenitorul Tronului mă hotărăște să nu las fără răspuns scrisoarea Alteței Voastre Regale, oricare ar fi forma ei. Comunicatul publicat în numele guvernului a fost redactat de aceia care păstrau încă iluzia că se poate feri Coroana de urmările celor petrecute anul trecut peste Nistru.
Departe de a considera pe Alteța Voastră Regală ca o păpușă inconștientă, ei voiau să persiste în credința că vremea, care permite reflecțiunea, va schimba intențiunile moștenitorului Tronului.
În ceea ce privește fraza de a doua incriminată, din citirea legilor și regulamentelor militare, Alteța Voastră Regală se va convinge că, fără a i se contesta întru nimic însușirile personale, comanda unui regiment nu i s-ar fi putut încă acorda, dacă n-ar fi fost <<înalta sa situațiune>>.
Când am primit scrisoarea Alteței Voastre Regale, fiind demisionat, nu mă mai socoteam în drept de a face un act de guvern în chestiunea la care se raportă.
Ca unul ce am fost sfetnic credincios celor doi regi români, ale căror domnii istoria Neamului le va cita cu recunoștință, nu pot să închei aceste rânduri fără a mărturisi durerea adâncă cu care constat, nu numai pentru Stat, dar și pentru Alteța Voastră Regală, hotărârile în care persistă. 
Când omul este devotat unei idei, fără voie inima sa îl leagă de persoana celor care ar trebui să o reprezinte, chiar după ce ei au vătămat-o.
Cu aceste simțăminte și cu adânc respect, sunt al Alteței Voastre Regale, devotat servitor.
Ion I.C. Brătianu".

Primind o copie a scrisorii de mai sus, regele României a scris:

„28 septembrie 1919
Scumpul meu Brătianu,
Sunt cu totul de acord cu textul răspunsului, a cărui copie mi-ai trimis-o, el spune lucrurile fără a apăsa prea mult, dar arătând, în același timp, adevăratul punct de vedere. Plec astăzi la Sinaia. 
Mulțumindu-ți încă o dată pentru tot concursul pe care mi l-ai dat din toată inima dumitale și cu tot sufletul – o știu și o simt – rămân întotdeauna al dumitale, cu toată afecțiunea".
FERDINAND

Doamna Zizi Lambrino este, în sfârșit, îndepărtată. Regele Ferdinand, în credința că uitarea își va face opera, propune fiului său o călătorie de studii în străinătate. Prințul însă, se împotrivește: simulează un accident de cal, se împușcă în picior. În sfârșit, se lasă a fi convins și întreprinde o lungă călătorie în Egipt, Indii și Japonia.

La întoarcere, el se căsătorește cu A.S.R. principesa Elena, la 10 martie 1921.

A TREIA RENUNȚARE LA TRON
Veneția-Milano, decembrie 1925

O legătură de notorietate publică cu soția unui căpitan activ, doamna T., fiica domnului Wolf, zis Lupescu, și a soției sale, născută Elisa Falk, a hotărât pe regele Ferdinand să facă în repetate rânduri aspre mustrări fiului său și să-l someze a pune capăt acestei relații care, în condițiunile în care avea loc – în chiar vecinătatea Palatului princiar – aducea o gravă știrbire liniștii și prestigiului familiei regale. Pentru a-l sustrage acestui mediu, regele Ferdinand trimite pe principe la Londra, spre a-l reprezenta la funeraliile reginei Alexandra a Angliei. Principele se angajează, pe cuvântul său de onoare, către regele Ferdinand – care îl ceruse – că se va înapoia în Țară înainte de sărbătorile Crăciunului 1925.

Regăsind însă în străinătate pe doamna Wolf-Lupescu, principele Carol trimite regelui Ferdinand, din Veneția, în ziua de 12 decembrie 1925, următoarea scrisoare de renunțare:

„Veneția, 12 decembrie 1925
SIRE,
Vă rog ca prin această declarație să primiți ca să renunț la toate drepturile mele de Principe Moștenitor al României.
Conform Statutului Familiei Regale, rog pe Majestatea Voastră de a-și da înalta sa aprobare acestei hotărâri irevocabile.
Totdeodată, spre a nu produce vreun un neajuns în viitor, să dați înaltul Majestății Voastre Ordin ca să fiu șters dintre membrii Familiei Domnitoare a României și să mi se acorde un nume sub care îmi voi putea alcătui o nouă stare civilă. 
Prin aceasta declar că nu voi avea nicio pretenție asupra drepturilor mele la care am renunțat de bună voie și mă angajez, pentru liniștea tuturor, să nu mă mai întorc în Țară timp de 10 ani, fără a fi chemat de cei în drept și fără autorizația Suveranului".
CAROL, Principe al României

Ca urmare a acestui act de renunțare, regele Ferdinand trimite la Milano pe ministrul Casei Regale cu însărcinarea de a stărui pe lângă principe ca să revină asupra hotărârii sale și, în același timp, cu instrucțiuni ca să ceară prințului să-și ia angajamentul în scris că-și va schimba purtarea de până acum. 
În același timp, M.S. regina Maria și întreaga familie regală scrie prințului Carol pentru a-l determina să revină asupra deciziunii sale. Totul însă, este zadarnic. Prințul stăruie în hotărârea sa, declară că a luat-o neinfluențat de nimeni și irevocabil, că nimic pe lume nu-l va putea clinti din hotărârea sa și că este decis să-și creeze o viață nouă.

Nici apelul adresat simțămintelor lui de tată, de fiu, de soț, de prinț de Coroană, de militar, de român, n-a avut niciun răsunet. În tovărășia doamnei Wolf-Lupescu el rămâne în Italia și ministrul Casei Regale aduce drept răspuns o a patra renunțare, și mai formală, a prințului Carol, pe care o redăm mai jos: 
"Milano, 28 decembrie 1925
Declar prin aceasta că renunț în mod irevocabil la toate drepturile, titlurile și prerogativele de care, în virtutea Constituție și Statutului Familiei Regale, m-am bucurat până azi ca Principe Moștenitor al României și ca membru al Familiei Domnitoare.
Renunț totdeodată la drepturile ce mi-ar reveni prin legile Țării asupra fiului meu și a averii sale.
Mai declar că nu voi avea nicio pretențiune asupra drepturilor la care am renunțat de bună voie din propria mea inițiativă și mă angajez, pentru binele tuturor să nu mă întorc în Țară timp de 10 ani, iar după expirarea acestui termen să nu mă întorc fără autorizația Suveranilor".
CAROL

Regele Ferdinand, pierzând nădejdea de a mai putea readuce pe fiul său la datorie, în fața acestei repetate renunțări la Tron, ia act de aceată ultimă hotărâre a fiului său și o învestește cu formele arătate de Constituție. Cere întâi, într-un Consiliu de Coroană ținut la Sinaia, la 31 decembrie 1925, avizul tuturor șefilor de partide. Hotărârile acestui Consiliu de Coroană au fost consemnate în următorul comunicat publicat în „Monitorul Oficial" din 1 ianuarie 1926:
„A.S. Regală Principele Carol, Moștenitor al Tronului, comunicând în scris M.S. Regelui renunțarea sa irevocabilă la succesiunea Tronului și la toate prerogativele ce decurgeau din această calitate și din aceea de membru al familiei regale, M.S. Regele s-a văzut nevoit să primească această renunțare și să convoace pentru astăzi, 31 decembrie, la Castelul Peleș, un Consiliu de Coroană.
În acest consiliu, M.S. Regele a comunicat înalta sa hotărâre și a făcut apel la toți fruntașii Țării prezenți de a-l ajuta în executarea ei și la proclamarea Alteței Sale Regale Principele Mihai ca Moștenitor al Tronului. În acest scop, în urma asigurărilor de sprijin date din partea tuturor celor prezenți, Reprezentanța Națională a fost convocată pentru 4 ianuarie 1926".

În ziua de 4 ianuarie 1926, M.S. regele a adresat Adunărilor Constituante următorul mesaj: 
„A.S.R. Principele Carol, Moștenitorul Tronului, mi-a trimis următoarea declarațiune: 
<<Declar prin aceasta că renunț în mod irevocabil la toate drepturile, titlurile și prerogativele de care, în virtutea Constituție și Statutului Familiei Regale, m-am bucurat până azi ca Principe Moștenitor al României și ca membru al Familiei Domnitoare.
Renunț totdeodată la drepturile ce mi-ar reveni prin legile Țării asupra fiului meu și a averii sale.
Mai declar că nu voi avea nicio pretențiune asupra drepturilor la care am renunțat de bună voie din propria mea inițiativă și mă angajez pentru binele tuturor să nu mă întorc în Țară timp de 10 ani, iar după expirarea acestui termen să nu mă întorc fără autorizația suveranilor. CAROL>>.
Cu adâncă durere am constatat că, pentru a doua oară de când se află în vârsta bărbătească, principele Carol nu voiește să îndeplinească marile îndatoriri ce-i incumbă ca Principe Moștenitor și, cu hotărâre irevocabilă, cere să fie descărcat de această sarcină. 
În fața acestei hotărâri și cu grija stăpânitoare a viitorului Țării și a intereselor permanente ale Coroanei, atât de neclintit legate de dânsa, mă simt nevoit să iau act de această hotărâre și să cer ca Adunările Naționale, luând cunoștință de dânsa, să recunoască că principele Carol a renunțat la toate drepturile și prerogativele sale de Principe Moștenitor și de membru al Casei Regale Române, precum și la orice drepturi asupra fiului său și al patrimoniului acestuia. Iar în consecință, conform Constituțiunii și Statutului Casei Regale, Adunările Naționale să recunoască Principe Moștenitor al României pe Principele Mihai".
FERDINAND

Iată cuprinsul legii votată de Adunările Naționale în ziua de 4 ianuarie 1926:
„Art. unic – Adunările Naționale Constituante primesc renunțarea A.S. Principelui Carol la succesiunea Tronului și la toate drepturile, titlurile și prerogativele de care, în virtutea Constituției și a Statutului Familiei Regale, se bucura până astăzi ca Principe Moștenitor al României, și membru al Familiei Domnitoare.
Pe temeiul art. 77 din Constituție, Reprezentațiunea Națională constată că succesiunea Tronului României devine astfel de drept A.S.R. Principelui Mihai, coborâtorul direct și legitim în ordinea de primogenitură bărbătească a regelui domnitor".

Iar pentru regularea succesiunii la Tron, Adunările Naționale au votat în aceeași zi următoarea lege: 
„Art. Unic – Adunările Naționale Constituante întrunite conform art. 79 din Constituție, primesc Regența instituită de M.S. Regele Ferdinand I, pe temeiul art. 83 din Constituție pentru a exercita puterile regale, și tutela A.S.R. Moștenitorul Tronului în cazul când acesta ar fi chemat să domnească în timpul minorității sale. 
Reprezentațiunea Națională primește numirea celor 3 persoane care compun această Regență: A.S.R. Principele Nicolae, I.P.S.S. dr. Miron Cristea, Patriarhul României și domnul George Buzdugan, actualul prim-președinte al Înaltei Curți de Casație și Justiție".

O lună după ce a fost proclamat regent de către Adunările Naționale Constituante, I.P.S. Patriarhul primește, la 2 februarie 1926, din partea fostului principe următoarea scrisoare, din care, o dată mai mult, rezultă voința și gândul său:
„Milano, 2/II/1926
Înalt Prea Sfinția Ta,
...
Mulți cred că am fost victima unui complot, că am fost silit să fac pasul cunoscut. Pot asigura pe I.P.S. Ta că am acționat după singura mea voință și complet conștient de fapta mea.
...
Am avut un crez neștirbit, care aș dori să știu că va fi veșnic în orice suflet de român: credința în Rege, credința în Suveran, ca chiag al unității naționale. Într-o țară unde luptele politice sunt așa de aprige ca la noi, dacă toți nu se alipesc cu dragoste de acel simbol, ce este Regele și Coroana, atunci cu drept cuvânt trebuie să deznădăjduim de viitorul Patriei.
În zilele de grea cumpănă, pe cine a avut Țara mai aprigi apărători, mai încrezători călăuzitori ai ei, pe cine, dacă nu pe suverani? Regele și Regina care au știut întotdeauna să bată într-o inimă cu întreg poporul lor. Mai mare dragoste pentru Neam și pentru Țară nu veți găsi la nimeni pe întreg cuprinsul României, ca la Rege și Regină.
...
Uniți-vă toți, uitați grijile și certurile de o zi; gândiți-vă la România de mâine, ea are nevoie azi mai mult ca oricând de unirea tuturor sufletelor, de strângerea tuturor mâinilor spre a întări temelia ei. Numai astfel veți putea privi viitorul în față.
În această chemare pe care o trimit din depărtare, doresc ca unirea împrejurul Regelui să cuprindă și pe fiul meu și mama lui, împrejurul cărora să bată inimile calde ale unui Neam întreg".
CAROL

Aproape un an mai târziu, sub grija grelei boli care îl lovise și-i amenința viața, la 28 noiembrie 1926, regele Ferdinand trimite domnului general Averescu, președintele Consiliului de Miniștri, o scrisoare publicată în „Monitorul Oficial", din care extragem următoarele pasaje:

„Scumpul meu Președinte al Consiliului,
Sunt adânc mișcat de grija și de dragostea ce mi se arată din partea tuturor cu privire la sănătatea mea, dar în același timp, cu adevărată mâhnire, văd că unii s-au folosit de această împrejurare pentru a pune în discuție principiile care alcătuiesc însuși temeiul dinastic al monarhiilor constituționale și care nu îngăduie ca soarta Coroanei să fie lăsată la voia schimbătoare a nimănui.
Din fericire, în timpul din urmă, simt că puterile-mi revin și cred că, cu ajutorul lui Dumnezeu, îmi voi putea îndeplini ca și până acum sarcinile către iubita noastră Țară și scumpul meu popor. Iar dovezile date de mine, în împrejurările grele prin care a trecut România, sper că au arătat că știu a lua hotărâri, învingându-mă pe mine însumi, fie că era vorba de a jertfi, în interesul Patriei, legături personale, fie că trebuia, ca Rege, să pun capăt urmărilor nenorocite ale rătăcirilor și șovăielilor unui copil iubit.
Sunt în drept deci să cred că nimeni nu se poate îndoi despre grija statornică de a-mi îndeplini întreaga datorie până la ultimele mele clipe, cum se impune unui Rege care ține mai mult la trăinicia operei lui decât la orice-i este scump în viață.
Această operă, întemeiată de neuitatul meu unchi, primul Rege al României și pe care Dumnezeu mi-a hărăzit s-o întăresc și s-o dezvolt, voi apăra-o cu hotărâre, căutând ca prin toate măsurile să-i asigur un viitor temeinic spre gloria dinastiei și consolidarea statului. Sunt sigur că în această direcție voi fi ajutat de toți bunii români în frunte cu toți sfetnicii credincioși și încercați care, de la urcarea mea pe Tron, mi-au dat sprijinul lor necondiționat.
Ei vor ști să strângă toate puterile naționale ca să facă zid în jurul Tronului pentru a impune respectul hotărârilor și actelor mele, căci le-am hotărât și înfăptuit conform legilor și intereselor supreme și exclusive ale Monarhiei și Statului.
Primiți, vă rog, scumpul meu Președinte al Consiliului, expresiunea sentimentelor mele afectuoase,
FERDINAND
București, 28 noiembrie 1926

În luna ianuarie 1926, imediat după investirea cu toate formele constituționale și legale a ultimei renunțări la Tron a fostului principe moștenitor, regele Ferdinand adaugă, ca urmare a noii situațiuni create, următorul codicil la testamentul său, scris de rege și ținut secret până la moartea sa:
„Codicil
A voit Domnul să încerce Țara, pe mine și pe Regina, cu o mare durere, prin renunțarea la Tron a Principelui Carol. Până la sfârșitul vieții nu se va șterge din inima mea jalea care m-a cuprins când m-am văzut silit să iau act de această hotărâre a primului meu născut, constatând că din nenorocire această măsură se impunea de interesele Statului și ale Coroanei, care în orice împrejurări am înțeles să mă stăpânească.
Schimbarea astfel făcută la moștenirea Tronului și în Familia Regală prin noua situațiune a fiului meu Carol mă obligă să aduc următoarele modificări și adaos la testamentul meu mai sus scris.
Anulez dispozițiunea cuprinsă în acest testament prin care lăsam fiului meu Carol toată cotitatea disponibilă și hotărârea de a cuprinde în partea sa de moștenire întreaga moșie Sinaia-Predeal împreună cu castelul Peleș și celelalte castele, clădiri și stabilimente cu sarcinile prevăzute în acest testament pentru castelul Pelișor, precum anulez și legatul caselor și clădirilor din București, care îi sunt absolut necesare. 
Hotărăsc ca toată această cotitate disponibilă, atât imobilele de pe Valea Prahovei, cu sarcinile prevăzute, ca și cele din București, care îi sunt absolut necesare viitorului rege, să revină urmașului meu pe Tronul României din familia mea, iar în timpul minorității sale să se bucure de folosința și de veniturile lor, iubita mea soție, regina Maria.
Voiesc ca partea rezervatară ce se cuvine fiului meu Carol s-o primească în bani și efecte. Luând aceste noi dispozițiuni, potrivit dorinței ce întotdeauna am avut de a spori mijloacele noului Rege al României, rog Cerul ca să ajute pe iubitul meu fiu Carol în noua viață ce singur și împotriva voinței noastre și-a ales-o și să facă urmările acestei alegeri cât mai ușoare pentru el și pentru Țară. 
Făcut la București, în unsprezece ianuarie una mie nouă sute douăzeci și șase, scris și iscălit cu propria mea mână".
FERDINAND

Acest act arată clar, fără îndoială posibilă, neclintita credință a regelui că principele Mihai era urmașul său la Tron și, ca atare, era drept să se bucure de tot ce se cuvenea viitorului rege. El arată, de asemenea, neșovăita hotărâre de a depărta din preajma suveranului orice izvor de tulburări și de aceea nu voia să lase fostului principe Carol vreo avere în țară care i-ar fi dat prilej de a se reîntoarce în România. 
Astfel, prin hotărârea nestrămutată a suveranului și prin investirea ei cu formele legale, impuse de irevocabila renunțare la Tron a fiului său, s-a putut definitiv închide această chestiune și asigura temeinic continuitatea necesară așezământului nostru monarhic.

Cu agaravarea sănătății suveranului însă, uneltiri și intrigi din străinătate și în politica noastră internă își făcură aparițiunea. Regele, deși încredințat de zădărnicia unor astfele de încercări, în inima sa de părinte era îndurerat de posibilitatea ca fiul său să cadă victima acestor criminale intreprinderi și, de aceea, înainte de a închide ochii, a făcut un ultim demers, pentru a le împiedica consecințele, trimițând în ziua de 4 iulie 1927 la Paris, pe un general din Casa Regală cu o misiune pentru fostul principe moștenitor.
Iată textul instrucțiunilor date trimisului regelui:
„Misiunea dumneavoastră are de scop să demonstreze cât mai limpede cu putință că nu există, pentru prinț, decât o singură alternativă: să fie consecvent cu el însuși în viața pe care împotriva dorinței tuturor a vrut să-și creeze și să respecte în mod loial și fără reticențe consecințele inexorabile ale renunțării sale la tron.
Orice agitare făcută în numele lui, cu sau fără consimțământul lui, tinde să compromită sau, în orice caz, să păgubească interesele dinastiei.
Respectul pe care principele îl datorează operei părinților săi ca și solicitudinea pe care o datorează fiului său nu-i arată decât un singur drum, dacă el ascultă ceea ce are mai sigur și mai bun în el: inima.
Dar, mai presus de orice, judecata lui ar trebui să impună această soluție, căci ea este singura care corespunde interesului lui, pentru că singură ea îi poate asigura, din partea părinților săi și din partea guvernului, tot concursul care să-i înlesnească organizarea noii sale vieți. 
În a doua ipoteză, principele trebuie să-și dea seama că ceea ce ar socoti ca un câștig pentru dânsul ar contribui să mărească greutățile cu care are de luptat Statul român. 
Dar, oricare ar fi aceste dificultăți și oricât ele ar fi de mari, el trebuie să înțeleagă că România este hotărâtă să le învingă și că acei care, pentru a pescui în apă tulbure, îl vor fi încurajat, nu vor avea nimic de câștigat. În fața echivocului pe care l-au creat în jurul prințului, oamenii rău intenționați sau prietenii inconștienți, și în fața impresiei pe care ei au comunicat-o că nu așteaptă decât momentul succesiunii la Tron pentru ca principele să revină asupra unui act care nu este revocabil, este indispensabil ca principele să facă, fără nicio întârziere, o declarație publică, declarație care să nu mai lase pentru nimeni nicio îndoială și care să taie scurt agitațiile celor care, într-un scop criminal, vor să se servească de persoana lui. 
Această declarație sau un refuz de a o face, va determina desigur atitudinea părinților lui și aceea a guvernului care ar fi astfel foarte dornic de a contribui cu tot ce se va putea pentru ca să fie ușurată și înfrumusețată noua viață pe care prințul și-a ales-o. De asemenea, legăturile lui cu părinții săi ar putea atunci să fie cu mult mai intime".

Regele Ferdinand, încunoștiințând pe primul ministru de însărcinarea dată generalului, îi cere totdeodată, să-l ajute pentru reușita încercării sale. De aceea, împreună cu instrucțiunile de mai sus, a fost remisă fostului principe moștenitor, din partea domnului Ion I.C. Brătianu, și următoarea scrisoare, citită și aprobată mai întâi de suveran:
„București, 3 iulie 1927
Măria Ta,
Chiar chipul în care încep aceste rânduri arată că nu scrie primul ministru, ci omul care o treime de veac te-a înconjurat cu simțămintele datorite celui mai de seamă reprezentant al Familei Regelui.
N-am nevoie să amintesc Măriei Tale că în orice împrejurare am căutat să-i fiu de ajutor și că chiar când am constatat sau am presupus că eram în deosebiri de păreri, am încercat, cu sincer devotament, să-i împiedic manifestarea sau cel puțin să-i atenuez consecințele. Nu mi-am putut închipui că era să avem durerea reînnoirii funestelor intențiuni exprimate la Iași și cu cea mai crudă surprindere am luat cunoștință de scrisoarea adresată Majestății Sale, din Italia. 
Această scrisoare, confirmată prin ulterioara declarație că ești hotărât să renunți la marea, dar greaua misiune ce Dumnezeu îți destinase, am fost silit s-o consider, de rândul acesta, ca manifestarea voinței unui bărbat matur care, în plină cunoștință a drepturilor și datoriilor sale și a consecințelor lor, voia conștient și cinstit să renunțe la o situațiune a cărei răspundere n-o primea și să-și asigure noi condițiuni de viață.
Desigur, această hotărâre aducea după sine inerente greutăți pentru Coroană și pentru Țară, dar cu regretul că n-ai voit să te jertfești pentru a le împiedica, nimeni nu este în drept de a bănui patriotismul cu care vei dori să nu le sporești gravitatea, ci dimpotrivă, să faci ce-ți stă încă în puteri pentru a ușura noile condiții în care poate dăinui și propăși principiul dinastic din România. 
Câțiva din cei îndurerați, fără a-și da seama că monarhiile ereditare își au temeiuri care nu pot fi schimbate fără a se zdruncina însăși existența lor, au socotit că noul principe moștenitor, creat prin actul de renunțare al părintelui său, poate fi înlocuit prin alte mijloace decât acela al propriei sale renunțări, sau a încetării sale din viață. Unul, imposibil în vremea unei minorități, celălalt, cu ajutorul Domnului, nerealizabil. 
Durerea acestora o resimțim mulți, dar îndreptarea ce caută, e incompatibilă cu cea mai esențială chezășie a siguranței Statului nostru, aceea a existenței dinastiei.
Acestor puțini numeroși care greșesc grav, dar cu cuget curat, li se adaugă, din nenorocire, acei dinăuntru și din afară, care au interes să lovească și să zdruncine tot ce poate consolida noul nostru stat și caută să facă, din orice le pare prielnic, armă pentru scopul lor destructiv. Sub cuvânt că vor să te servească, încearcă să compromită, într-o campanie criminală, numele acelui care, o treime de veac, a fost suprema nădejde a României și care, nu mă îndoiesc, e hotărât să rămână în orice împrejurare credincios neamului din care face parte.
Această credință, dragostea pe care o ai pentru ceea ce au clădit Regii României, impune nepotului și fiului de Regi, mai mult decât oricărui alt cetățean al Țării, datoria să împiedice, pe cât depinde de dânsul, încercările criminale, lămurind, fără îndoială posibilă, pe unii și descurajând, fără slăbiciune, pe ceilalți. 
În noua viață pe care ți-ai ales-o e încă un mare și neasemuit serviciu pe care îl poți face Patriei, și, pentru aceasta, cu regretul neșters al serviciilor pe care ai renunțat să le aduci ca moștenitor la Tron, îți vor păstra adâncă recunoștință toți cei care, ca mine, nu pot despărți, în inima lor, dragostea de Țară și devotamentul către Tron.
Rog pe Măria Ta să primească, și cu acest prilej, expresiunea adâncului meu respect". 
ION I.C. BRĂTIANU

O dată cu această misiune, regele încredințează președintelui Consiliului de Miniștri o scrisoare pentru a face uz de dânsa, în caz când fostul principe va fi refuzat să semneze declarațiunea reclamată de suveran. 
Această scrisoare se publică în Monitorul Oficial din 22 iulie 1927, deoarece trimisul suveranului se înapoiază din Paris, în ziua încetării din viață a regelui Ferdinand, cu răspuns că fostul principe refuzase să se supună voinței tatălui său. Iată textul scrisorii:
„Scroviște, în iunie 1927
Scumpul meu Președinte al Consiliului
Ca creștin sunt totdeauna stăpânit de grija clipei când mă voi înfățișa în fața Domnului, ca Român și Rege mă gândesc neîncetat la soarta Țării căreia i-am jertfit viața mea pe pământ. 
Dragostea mea nu mă lasă să consider că datoria îmi încetează cu această viață și nu pot să nu mă gândesc la ce va fi în urma ei.
Dumnezeu a voit ca Coroana, de care e atât de indisolubil legată soarta Țării, să treacă pe capul nepotului meu nevârstnic, Mihai. Rog Cerul să-l ocrotească și să-i hărăzească binecuvântarea ca sub domnia lui să se întărească și să sporească România, clădită cu atâtea jertfe. 
Fac apel la toți bunii și cinstiții cetățeni ai Țării să ajute din toate puterile lor ca să înlesnească liniștita propășire a Statului. 
În fruntea lor, asupra scumpului meu fiu Nicolae, ca regent, împreună cu colegii săi, cade cea mai grea răspundere în îndeplinirea sfintelor datorii. 
Cu credința și dragostea ce înaintașii familiei sale i-au dat pildă, fiul meu va putea duce la bun sfârșit misiunea ce îi revine. 
Nu pot privi spre viitor fără să mă gândesc cu inimă de părinte la scumpul meu fiu Carol, căruia îi urez viață cinstită și fericită în noua soartă pe care și-a croit-o, împotriva silințelor noastre. Nu mă îndoiesc că, ca orice român iubitor de Țară și mai devotat ca oricare altul, va stărui întru a înlesni, prin tot ce atârnă încă de dânsul, ca România, în timpul fiului său Mihai și a urmașilor săi, să se poată dezvolta și propăși, în liniște și cu spor. 
În ceea ce mă privește, cu hotărâre și numai spre a nu tulbura liniștea Țării, m-am oprit de la mulțumirea sufletească de a-l revedea și, în același sentiment, cer ca să nu se mai întoarcă în Țară decât, precum s-a legat, când autoritățile legale îi vor îngădui. 
Trebuie ca fiul meu Carol să caute asfel să impună oricăror rătăciți respectul situațiunii legale, create prin renunțarea sa la Tron, așa precum îi poruncesc cele mai imperioase datorii de român, de fiu și de părinte, ca să respecte legământul încheiat din proprie voință și nesilit de nimeni. 
Primiți, vă rog, scumpul meu Președinte al Consiliului, expresiunea simțămintelor mele afectuoase".
FERDINAND

Aceste cuvinte sublime, gândite în taina sufletului care se reculege în fața morții nu îngăduie nicio discuțiune. Orice om cu suflet și cu bună credință trage fireștile concluziuni. Această scrisoare, supremă mărturisire și suprem apel al marelui rege, dacă ar fi ea singură, ar fi de ajuns pentru ca să nu lase nimănui umbre de îndoială despre datoriile ce impun Țara și Coroana.

Din actele mai sus menționate și fără a pomeni alte acte și documente mai intime, reiese clar că fostul principe moștenitor, de când a fost în vârstă bărătească, fără nicio considerațiune față de durerea Familiei lui, nici față de Țară și de împrejurările atât de grele prin care trecea poporul român, a renunțat la drepturile sale la Coroana României.

Prin renunțarea repetată și irevocabilă a fostului principe moștenitor, situațiunea este definitivă. Formele constituționale cu care această renunțare a fost învestită, după cererea regelui Ferdinand, care până în ajunul morții a ținut să-și afirme hotărârea nestrămutată, au închis definitiv această chestiune.

Pe de altă parte, Constituțiunea, tocmai pentru a feri Țara de frământări, în timpul minorității suveranului, interzice orice modificare prin articolul ei 85: „Nicio modificare a Constituțiunii nu se poate face în timpul Regenței".
Prin urmare, astăzi, pe căi legale, revenirea fostului principe moștenitor este imposibilă și, de altminteri, Coroana României, precum și marile interese naționale, de care este legată, nu pot fi o jucărie în mâna nimănui, revendicând-o sau aruncând-o după împrejurări și capricii.

Bună sau rea, fostul principe moștenitor a voit să-și creeze o viață nouă; el și-a creat-o prin faptele lui. Coroana este astăzi pe capul regelui Mihai și, pentru România, chestiunea succesiunii la Tron este închisă.
Cine caută să tulbure liniștea Țării cu această chestiune, care n-are nicio altă soluțiune constituțională, este răzvrătitor din punctul de vedere legal, antidinastic din punct de vedere monarhic și, deci, inamic al Neamului din punctul de vedere național.

Înconjurată de dușmani, România are nevoie de pace și de liniște, iar nu de lupte pentru domnie de care ea a suferit neîncetat în trecut și cărora le-a pus capăt, acum șaizeci de ani, tocmai Dinastia pe care o reprezintă regele Mihai pe Tronul Țării.

////

Sursa: Arhiva C.N.S.A.S., Fond Documentar, dosar 015223.

Google
 

Postări populare