Tomislav Nikolic, président du Parti radical serbe (SRS) Tomislav Nikolic : "Ce n'est pas une grosse perte que de couper les liens avec l'UE" LE MONDE | 19.01.08 | 14h14 BELGRADE ENVOYÉ SPÉCIAL
Tomislav Nikolic, 56 ans, président du Parti radical serbe (SRS), assure officiellement l'intérim du chef des radicaux, Vojislav Seselj, emprisonné depuis 2003 et jugé pour "crimes contre l'humanité" par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye. Tomislav Nikolic figure parmi les favoris de l'élection présidentielle serbe. Le SRS est la principale formation au Parlement serbe depuis les élections législatives de 2007 mais est exclu du pouvoir par une coalition démocrate.
L'adhésion de la Serbie à l'Union européenne figure-t-elle parmi vos priorités ? Elle le serait si l'Union européenne ne la liait pas directement à la question de l'indépendance du Kosovo. Bruxelles ne nous respectant pas, nous nous voyons donc dans l'obligation de nous tourner vers la Russie. Ce n'est d'ailleurs pas une grosse perte que de couper les liens avec l'UE. Nous garantirons la sécurité des investissements déjà réalisés, nous lancerons des appels pour de nouveaux. Tout ce que nous perdrons, ce sont les fonds européens. Des fonds qui, de toute façon, servent aux infrastructures mais ne bénéficient pas à l'emploi. Et nous nous rapprocherons de tous les pays qui ne reconnaîtront pas l'indépendance du Kosovo. L'Europe exige de nous des choses qu'elle n'a pas demandées aux autres pays candidats à l'adhésion. Notamment qu'on livre le général Ratko Mladic au TPIY. Mais Mladic n'est plus en Serbie. Comment peut-on l'arrêter ? De toute façon, cette inculpation (pour "génocide" et "crimes contre l'humanité" commis en tant que chef militaire bosno-serbe pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine) est illégale et injuste. Mladic ne faisait qu'appliquer les ordres. Quand vous parlez de coopération avec la Russie, cela s'applique-t-il aux questions de sécurité ? Personne ne s'apprête à attaquer la Serbie. Mais comme tous les pays, il existe une menace terroriste. Il y a déjà une base américaine sur notre territoire (au Kosovo, province de Serbie placée sous administration internationale depuis 1999). Pourquoi ne pas imaginer une présence logistique russe en Serbie ? Nous disposons d'une situation géographique intéressante pour y installer notamment des radars russes, qui, évidemment, seraient protégés par des soldats russes. A quelle menace terroriste faites-vous allusion ? La Serbie est, en Europe, le pays le plus proche du noyau terroriste : ce soit-disant Etat indépendant du Kosovo, soutenu par les plus importants cartels de trafiquants de drogue du monde, dont l'argent sert à acheter les hommes politiques occidentaux afin qu'ils promeuvent l'indépendance du Kosovo. Les Kosovars albanais veulent déclarer leur indépendance après l'élection serbe. Est-ce inéluctable ? Si l'Europe nous avait vraiment aidés, nous ne vivrions pas toujours aussi pauvrement. Les gens ont même le sentiment que l'Europe nous a appauvris pour pouvoir pousser l'indépendance du Kosovo. Si la Serbie était forte économiquement et membre de l'UE, les Albanais se seraient satisfaits d'une large autonomie. Aujourd'hui, la population (serbe) en a marre des promesses économiques et sociales alors que rien n'a changé pour eux depuis sept ans (depuis la chute de Slobodan Milosevic). Elle en revient donc à l'essentiel : la question historique des territoires perdus et, sur ce sujet, les radicaux n'ont pas changé d'opinion au cours des dernières années. Maintenant, il est impossible d'arrêter les Américains, qui ont annoncé qu'ils reconnaîtront l'indépendance, sans doute parce qu'ils ont une dette à payer aux musulmans, à cause de l'Irak. Il est également impossible d'influencer la France. Mais ne demandez pas au peuple serbe qu'il accepte sans broncher la perte de ses territoires, encore et encore. Comment la Serbie doit-elle réagir ? Nous réfléchirons aux mesures à appliquer aux pays qui reconnaîtront le Kosovo. Quoi qu'il en soit, si nous, les radicaux, gagnons, nous demanderons au Parlement de bloquer économiquement tous les échanges avec le Kosovo, nous ne reconnaîtrons pas les passeports du Kosovo, nous interdirons le transit de marchandises via la Serbie vers le Kosovo. Vous êtes en tête des intentions de vote pour le premier tour, sur quel réservoir de voix comptez-vous pour être élu au second tour, le 3 février ? Je compte sur tous les perdants de la transition, et ils sont plus nombreux que les personnes satisfaites par la politique (du président Boris) Tadic. Il est le responsable de la crise que nous vivons depuis cinq ans. Il préfère constituer des gouvernements faibles plutôt que de nous associer au pouvoir. Le premier ministre (Vojislav Kostunica), lui, n'a pas respecté notre accord sur la présidence du Parlement (Tomislav Nikolic avait dû démissionner cinq jours après son élection en mai 2007). Depuis, sa popularité baisse et la mienne augmente. Mais ses électeurs savent que nos politiques sont proches. Donc, je ne l'attaque pas.
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Tomislav Nikolic, président du Parti radical serbe (SRS)
Tomislav Nikolic : "Ce n'est pas une grosse perte que de couper les liens avec l'UE"
LE MONDE | 19.01.08 | 14h14
BELGRADE ENVOYÉ SPÉCIAL
Tomislav Nikolic, 56 ans, président du Parti radical serbe (SRS), assure officiellement l'intérim du chef des radicaux, Vojislav Seselj, emprisonné depuis 2003 et jugé pour "crimes contre l'humanité" par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye. Tomislav Nikolic figure parmi les favoris de l'élection présidentielle serbe. Le SRS est la principale formation au Parlement serbe depuis les élections législatives de 2007 mais est exclu du pouvoir par une coalition démocrate.
L'adhésion de la Serbie à l'Union européenne figure-t-elle parmi vos priorités ?
Elle le serait si l'Union européenne ne la liait pas directement à la question de l'indépendance du Kosovo. Bruxelles ne nous respectant pas, nous nous voyons donc dans l'obligation de nous tourner vers la Russie. Ce n'est d'ailleurs pas une grosse perte que de couper les liens avec l'UE. Nous garantirons la sécurité des investissements déjà réalisés, nous lancerons des appels pour de nouveaux. Tout ce que nous perdrons, ce sont les fonds européens. Des fonds qui, de toute façon, servent aux infrastructures mais ne bénéficient pas à l'emploi. Et nous nous rapprocherons de tous les pays qui ne reconnaîtront pas l'indépendance du Kosovo.
L'Europe exige de nous des choses qu'elle n'a pas demandées aux autres pays candidats à l'adhésion. Notamment qu'on livre le général Ratko Mladic au TPIY. Mais Mladic n'est plus en Serbie. Comment peut-on l'arrêter ? De toute façon, cette inculpation (pour "génocide" et "crimes contre l'humanité" commis en tant que chef militaire bosno-serbe pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine) est illégale et injuste. Mladic ne faisait qu'appliquer les ordres.
Quand vous parlez de coopération avec la Russie, cela s'applique-t-il aux questions de sécurité ?
Personne ne s'apprête à attaquer la Serbie. Mais comme tous les pays, il existe une menace terroriste. Il y a déjà une base américaine sur notre territoire (au Kosovo, province de Serbie placée sous administration internationale depuis 1999). Pourquoi ne pas imaginer une présence logistique russe en Serbie ? Nous disposons d'une situation géographique intéressante pour y installer notamment des radars russes, qui, évidemment, seraient protégés par des soldats russes.
A quelle menace terroriste faites-vous allusion ?
La Serbie est, en Europe, le pays le plus proche du noyau terroriste : ce soit-disant Etat indépendant du Kosovo, soutenu par les plus importants cartels de trafiquants de drogue du monde, dont l'argent sert à acheter les hommes politiques occidentaux afin qu'ils promeuvent l'indépendance du Kosovo.
Les Kosovars albanais veulent déclarer leur indépendance après l'élection serbe. Est-ce inéluctable ?
Si l'Europe nous avait vraiment aidés, nous ne vivrions pas toujours aussi pauvrement. Les gens ont même le sentiment que l'Europe nous a appauvris pour pouvoir pousser l'indépendance du Kosovo. Si la Serbie était forte économiquement et membre de l'UE, les Albanais se seraient satisfaits d'une large autonomie. Aujourd'hui, la population (serbe) en a marre des promesses économiques et sociales alors que rien n'a changé pour eux depuis sept ans (depuis la chute de Slobodan Milosevic). Elle en revient donc à l'essentiel : la question historique des territoires perdus et, sur ce sujet, les radicaux n'ont pas changé d'opinion au cours des dernières années.
Maintenant, il est impossible d'arrêter les Américains, qui ont annoncé qu'ils reconnaîtront l'indépendance, sans doute parce qu'ils ont une dette à payer aux musulmans, à cause de l'Irak. Il est également impossible d'influencer la France. Mais ne demandez pas au peuple serbe qu'il accepte sans broncher la perte de ses territoires, encore et encore.
Comment la Serbie doit-elle réagir ?
Nous réfléchirons aux mesures à appliquer aux pays qui reconnaîtront le Kosovo. Quoi qu'il en soit, si nous, les radicaux, gagnons, nous demanderons au Parlement de bloquer économiquement tous les échanges avec le Kosovo, nous ne reconnaîtrons pas les passeports du Kosovo, nous interdirons le transit de marchandises via la Serbie vers le Kosovo.
Vous êtes en tête des intentions de vote pour le premier tour, sur quel réservoir de voix comptez-vous pour être élu au second tour, le 3 février ?
Je compte sur tous les perdants de la transition, et ils sont plus nombreux que les personnes satisfaites par la politique (du président Boris) Tadic. Il est le responsable de la crise que nous vivons depuis cinq ans. Il préfère constituer des gouvernements faibles plutôt que de nous associer au pouvoir.
Le premier ministre (Vojislav Kostunica), lui, n'a pas respecté notre accord sur la présidence du Parlement (Tomislav Nikolic avait dû démissionner cinq jours après son élection en mai 2007). Depuis, sa popularité baisse et la mienne augmente. Mais ses électeurs savent que nos politiques sont proches. Donc, je ne l'attaque pas.
Propos recueillis par Ch. Ct
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